La basilique d’El Mouassat

Par Zaher Kammoun

La basilique d’El Mouassat se trouve dans le voisinage immédiat du Bordj el Mouassat ou Borj Tebib à 11km de Mahrès (près du bordj, on a trouvé d’autres vestiges comme des huileries, des puits et des citernes)

Les premiers déblayements  ont été faits par les propriétaires du domaine : Mr et Madame Johannès avant 1924. La fouille a été incomplète et de courtes notices ont été publiées par L. Poinssot et R. Lantier

Le plan de l’église

La partie explorée comprenait l’abside et six travées de la nef centrale. La façade n’avait pas été atteinte. Les dimensions n’excèdent pas environ 16,75m sur 10,35m. Il s’agit donc d’un petit édifice, presque d’une chapelle de trois nefs séparées par deux rangées de colonnes

L’église est orientée Nord-Sud. Son abside est non surélevée, elle mesure 3,75m sur 3,8m. Les nefs ont des murs et des colonnes construits en moellons recouverts d’un enduit. Entre les colonnades, on a une distance de 3,8m et 4,3m entre les axes

Une estrade septentrionale de longueur de 4,75m, de largeur de 4m et d’hauteur de 25m contient l’autel. Au-dessus d’une cavité rectangulaire ayant contenu un coffret à reliques, était jadis placé le pilier supportant la table d’offrande.

Cette église se termine au sud par une abside arrondie

Plusieurs pavements ont été découverts :

  • La mosaïque de l’abside : ‘’sur un fond blanc se détachent en violet cerné de bleu foncé dans les parties ombrées deux vignes dont les troncs tourmentés s’entrecroisent et couvrent de leurs pampres et de leurs grappes tout le champ. Deux paons affrontés, au milieu des frondaisons, picorent des raisins ; au pied de chaque vigne deux gazelles se faisant face lèvent la tête vers les fruits, une perdrix rouge très détériorée est blottie entre les troncs ; vers le sommet du demi-cercle, les restes d’un encadrement rectangulaire fait de bandes alternées bleues, violettes et jaunes’’ L. Poinssot

  • Une mosaïque entre l’abside et le chœur septentrional : II ‘’ comprend deux registres, opposés de part et d’autre d’un médaillon circulaire de deux mètres de diamètre inscrit dans un rectangle. Dans le médaillon, entourés d’une couronne de feuilles de laurier, deux paons se désaltèrent à la source qui jaillit en gerbe d’un canthare à panse godronnée bleue et rouge, orné au col de chevrons bleus, blancs et violets et flanqué d’anses en forme de cœur. Tout autour de ce motif nagent des poissons ou des mollusques, dauphins, grondins, raies, anguilles, encornet, seiche, crevette ; une bandelette les divise en deux partis, les uns tournés vers l’abside, les autres vers l’autel. On observe un dispositif semblable sur les deux larges frises qui encadrent le sujet central sur deux lignes sont disposés deux, puis trois canthares, à panse grise et blanche ou rose et violette, décorés au col des chevrons de même couleur et accostés d’anses en S. De chacun des vases partent deux banderoles formant berceaux, au milieu desquels apparaît soit un fleuron à trois pointes, soit une tige feuillue sommée d’un bouton floral à cœur rouge ; dans le champ, au pied des canthares, picorent des poules de Carthage ou sont affrontés des flamants et des grues (long. 8 m ; larg. 3,45 m) ’’L. Poinssot

  • Deux panneaux encadrent le pavement du paon sont ornés chacun de deux frises de cratères réunis par des « câbles » ou guirlandes en arcs de cercles se recoupant qui suggèrent une imbrication. fois deux comme semble le suggérer l’éditeur. Les cratères ont le même pied que le cratère central, mais la panse est simplifiée : trois godrons seulement (ou plutôt deux godrons encadrant un triangle clair) ; le col est garni de chevrons multicolores et les anses existent. Les quadrilatères curvilignes délimités par les guirlandes contiennent des fleurons lotiformes, tous différents dans le détail. Par contre les branches de rosier situées entre les cratères sont d’un modèle unique avec deux boutons sur le côté et une rose ouverte au sommet. Les oiseaux qui encadrent le pied des cratères sont dans le panneau sud des grues becquetant dans la frise supérieure et des canards, semble-t-ils, en bas ; au nord, il s’agit de flamants en haut (avalant des poissons ?) et de poules de Carthage picorant en bas. Au-dessus des oiseaux, l’espace libre est occupé par une seconde branche de rosier, plus petite, pourvue d’un seul bouton et de deux à quatre feuilles. L’encadrement est constitué d’abord de filets sombres puis d’un câble au milieu d’une bande blanche dont les cubes sont placés en oblique.

  • La mosaïque de l’estrade septentrionale : ‘’c’est une mosaïque décorée d’une croix byzantine à cabochons flanquée à la partie inférieure de touffes de verdure, en haut de deux croix latines portant Γα et Γω, inscrites dans un cercle chevronné, et dont les bases sont tournées vers un grand médaillon circulaire. A l’intérieur de celui-ci, quatre béliers affrontés et opposés deux à deux lèvent la tête vers une croix pattée que supportent deux troncs d’arbre placés en sens contraire l’un de l’autre ; les registres sont séparés par deux larges palmettes mi-partie bleues et rouges. Le médaillon est inscrit dans un carré dont les angles sont flanqués de colombes, la tête tournée vers la croix. Une double bordure très mutilée encadre le pavement sur les petits côtés en arrière d’une frise de rinceaux d’acanthes, dont les volutes intérieures se terminent par une grenade, une poire, une grappe de raisin ou une rose et les feuilles extérieures par une tête de cygne, court une large bande divisée en compartiments où se font suite une grande coupe à pied flanquée de deux canards et accostée dans le champ de fleurs à cœur rouge, puis un carré sur lequel reposait peut-être l’une des colonnes du ciborium, enfin une marguerite à quatre pétales rouges et blanches barrée d’un fleuron’’ L. Poinssot

  • Les entrecolonnements sont garnis de panneaux rectangulaires (1,55 m X 70 cm) renfermant des losanges multicolores emboîtés.’’ Le bas-côté oriental est pavé d’une mosaïque décorative dont la moitié subsiste seule au nord. Sur un fond blanc se détache en vert pâle une succession de branches d’acanthes très fortement stylisées, dont les lignes sinueuses réunies à intervalles réguliers par de larges anneaux s’incurvent pour former des médaillons ovales où apparaissent des sujets variés : miroirs ovales à cabochons, grondins, un squale ; corbeilles de vannerie à anses remplies de grenades ou de raisins ; perdrix ; canthares décorés d’une sorte de swastika ; raies ; miroirs circulaires à cabochons, grues, marguerites rouges à quatre pétales, dauphins, losange à bord crénelé. Les ustensiles figurés, miroirs, corbeilles et canthares, comme les motifs géométriques, marguerites et losanges, sont suspendus à une cordelière violette qui s’attache aux anneaux réunissant les rinceaux d’acanthe. Les demi médaillons latéraux renferment chacun une rose lotiforme à cœur rouge’’ L. Poinssot.

Pour le bas coté Est, L. Poinssot parle de losanges encadrés de carrés opposés

Sources

  • Le dossier de l’église d’El Mouassat (au sud-ouest de Sfax, Tunisie), Noel Duval
  • Vingt ans de recherches archéologiques sur l’antiquité tardive en Afrique du Nord 1975-1994. Deuxième chronique : supplément à généralités et Carthage- Tunisie. Noel Duval
  • L’église d’El Moussat, L Poinssot et R. Lantier, bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1924

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