Les coiffes féminines de Sfax (la koufiya)

Par Zaher Kammoun

Le mot koufiya désigne en Tunisie une coiffe très richement ornée, portée par les mariées en costume traditionnel

Selon Lévi-Provençal, en Andalousie, à l’époque de Califes de Cordoue, les hommes portaient un bonnet de lin appelé koufiya

Carmen Bernis précise qu’en Espagne chrétienne la cofia que portait le guerrier sous le capillo de armar au XIIème siècle donna naissance à la coiffure internationale la plus répandue parmi toutes les classes sociales du XIIIème siècle

Les coiffes à bonnet rond sont au nombre de deux : la grande et la petite coiffe

Coiffe Sfax كوفية صفاقس

La petite coiffe est une parure quotidienne portée par les jeunes filles et les femmes. La grande coiffe est portée pendant les visites et les fêtes

La grande a la même dimension que la petite mais elle est plus ornée

La calotte est identique pour les deux, elle est rigide et a une forme approximative d’un quart de sphère. Le devant est maintenu par une broderie noire (amara), le coffrage de cette calotte est obtenu par des bandes de carton cousues entre elles. On peut utiliser de vieux papiers de familles, actes notariés périmés

La convexité de la calotte sphérique est tendue de bandes de broderie disposées comme des tranches de melons étroites sur une soie invisible. Les broderies sont exécutées avec du fil d’argent plat, doré rehaussées de petites paillettes cousues avec de la cannetille donnant au fond du bonnet l’aspect d’un brocart

La partie antérieure du bonnet est plus étincelante, il s’étale avec une décoration d’éléments de bijouterie  en or, en perles et pour la petite coiffe on a le corail

En partant du niveau du front, on voit d’abord la broderie noire qui fait adhérer la coiffure à la tête. Ce n’est qu’une étroite bande noire recouverte de paillettes dorées avec chacune desquelles une petite perle fine est cousue. Au dessus, des rangées de petites perles fines cousues sur trois rangs dessinent deux arcs de cercles de chaque cote du milieu du front. Un peu au dessus au centre on trouve un achari : grand plané d’or en forme de cœur serti d’un feston de filigrane aux branches duquel fixées des pendeloques en or découpé de forme ovale. Pour la grande coiffe on trouve de part et d’autre de l’acahri, le médouar et pour la petite coiffe on trouve deux mahboub avec des perles fines et du corail

Les coiffes de Sfax présentent un volant divisé en trois parties (la plus large tombe sur la nuque et deux pans de part et d’autre servent pour nouer la coiffe. Le tissu est une soie de couleur vive mais on peut utiliser du velours. Le volant est brodé par des motifs floraux en argent doré et en paillettes couses de cannetille

Les sfaxiennes portent aussi la coiffe Tunisoise. Elle possède un bonnet pointu et son frontal est de forme triangulaire  elle se porte avec le Jbin (ou le frontal de forme triangulaire est très orné par de sequins d’or et des perles fines

Le deuxième jour des noces, la femme porte la coiffe tunisoise devant laquelle était posé le haut frontal de sequins et de perles fines. Le troisième jour était pour la coiffe sfaxienne (grande coiffe) sur laquelle on place un frontal triangulaire rabattu en arrière posé à plat sur la calotte

Avec toutes ces coiffes, la femme porte un foulard en soie appelé tayaria d’origine de Ceylan

Coiffe Sfax كوفية صفاقس

La tayaria

Les femmes de Mahrès portent le Kabbous et la femme de Kerkennah porte la coiffe ronde

Le jour de Jelwa, la femme ne porte pas la koufia mais un bandeau de soie rouge ou verte et le devant est tapissé de petites perles fines et de bijouterie en or et en argent et des cabochons en verre de couleur. Ce bandeau ou assaba maintient le jbin triangulaire. Des floches de soie de couleurs cousues à la base de l’assaba tombent sur le front de la mariée

Sources

  • Les coiffes féminines de Tunisie Clémence Sugier
  • Parures traditionnelles des tunisiennes comparées à celles des femmes de ‘l’islam espagnol, Clémence Sugier
  • مقارنة بين الحلي التقليدية للتونسيات و حلي النساء باسبانيا المسلمة كلومنص سوجيي
  • Les éléments structuraux andalous dans la genèse de la géographie culturelle de la Tunisie, Hans-Joachim Kress, Fulda

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