Des mosaïques de Dougga
Par Zaher Kammoun
C’est la ville romaine la plus conservée en Tunisie, elle est classée patrimoine mondial UNESCO en 1997, cette cité est située au gouvernorat de Béja à 110 km de Tunis et à 60 km du Kef.
Le visiteur aujourd’hui peut voir plusieurs vestiges: des maisons, des thermes, des temples, des églises, un théâtre, des citernes… Ces édifices ont fourni plusieurs pavement de mosaïques. Voila quelques uns:
La Mosaïque funéraire de l’enfant Papirius Fortunatianus Eusobius
Ce pavement était la couverture d’une tombe privilégiée d’un hypogée funéraire, se trouvant près de l’église suburbaine de Dougga
L’épitaphe fragmentaire, précédée par la formule usuelle (aux dieux mânes sacrés), nous révèle que le jeune défunt était d’une bonté et d’une intelligence extrêmes esquissant de la main droite un geste de salutation, il est assis sur un coffre à livres et à rouleaux de parchemin
Des rameaux de roses, d’épis, de pampres et d’oliviers symbolisent les quatre saisons et les croyances de la continuité des cycles de temps après la mort, entourant la figure humaine
Il date de la fin du 4ème siècle après J.C. Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de Dionysos de Dougga
Cette mosaïque datée du temps de Gallien (260 à 269 après J.C) été trouvée dans un péristyle d’une maison de Dougga (la même maison où on a trouvé la fameuse mosaïque d’Ulysse)
Ce pavement montre Dionysos debout sur une barque, en train de châtier les pirates de la mer Tyrrhénienne. Le dieu porte une tunique de couleur bleue, brodée d’or et serrée à la taille par une ceinture
A droite, un Satyre-mentor, le corps nu et les jambes écartées a passé son bras derrière la taille de Dionysos pour l’aider à se maintenir en équilibre. En arrière plan, une bacchante, la tête couronnée de feuilles de vigne semble chercher à apaiser la colère du jeune dieu
A l’arrière du bateau, se trouve silène ventripotent et adipeux. Il porte une draperie pliée sur le bras gauche. Sa tête est couronnée de feuillage
Devant le dieu, une panthère a bondi hors du bateau pour rattraper l’un des pirates. Ces derniers sont déjà dans l’eau effrayés de Dionysos et métamorphisés en dauphins. L’un des assaillants dont les jambes sont encore celles d’un homme, a déjà le corps d’un cétacé. Deux de ses compagnons ont conservé leur buste humain mais la partie inférieure de leurs corps, qu’on aperçoit à travers la transparence de l’eau, a pris la forme d’une queue de poisson. Plus loin nagent d’autres dauphins qui sont peut être d’autres pirates totalement métamorphisés
A gauche de cette scène, se trouve une petite barque occupée par des génies ailés. L’un des ces génies tire sur une corde à laquelle sont attachées des nasses
A droite, on voit un navire balloté par les flots, à bord duquel trois pêcheurs sont occupés, l’un , à transpercer de son harpon un énorme poulpe, et les deux autres à haler un gros filet qui enserre plusieurs poissons
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque d’Ulysse de Dougga
Cette mosaïque datée du temps de Gallien (260 à 269 après J.C) a été trouvée dans un péristyle d’une maison de Dougga (la même maison où on a trouvé la fameuse mosaïque de Dionysos)
Ulysse, l’héros de l’antiquité grecque, apparaît comme le décrit le poète de l’Odyssée (XII, 160-200) debout sur le pont de son bateau, les mains retournées derrière le dos et attachées au grand mat.
Il est vêtu d’une tunique dégrafée sur l’épaule droite et découvrant en partie un buste aux chairs roses
Autour d’Ulysse s’assoient quatre de ses compagnons armés chacun d’un bouclier en forme d’ovale. Le vaisseau, où les cinq hommes sont serrés, est un navire mixte pourvu de deux voiles et d’un rang de rames. A l’arrière du bateau, se trouve une cabine à toit quadrillé et vouté en arc
Derrière le bateau, au pied d’un escarpement rocheux, se trouve trois sirènes figurées avec un buste de femme, auquel s’attachent deux longues ailes et des pattes gallinacées. L’une tient des deux mains, deux flutes. La deuxième est assise et porte un manteau vert. La dernière sirène est assise aussi et porte de la main droite une lyre. Ulysse résiste aux chants des sirènes
Devant le bateau d’Ulysse, flotte une petite barque à bord de laquelle un pêcheur vetu d’une tunique courte, tient de la main droite ne énorme langouste
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de la gazelle
Mosaïque domestique appelée Bodala. Musée du Bardo
La mosaïque de Dionysos de Dougga
Grand pavement reproduisant une composition conçue pour un plafond en voûte. Au centre Dionysos adolescent porté par un tigre, tout autour Satyre et Bacchantes. Vers 260 après J.C. La maison dite d’Ulysse et des Sirènes. Dougga. Musée du Bardo
La mosaïque des Néréides de Dougga
Cette mosaïque date de la fin du 2ème ou du début du 3ème siècle après J.C
Elle illustre des Néréides chevauchant des monstres marins. Ces créatures entourent un médaillon central occupé par un nageur dans lequel on a reconnu vraisemblablement Léandre
Aux angles du tableau figurent les têtes des quatre vents
Cette illustration est entourée d’une bande de bordure constituée par divers volatiles
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des Cyclopes de Dougga
Ce pavement daté de la fin du 3ème siècle après J.C a été trouvé à Dougga dans des thermes privés appelés les thermes des Cyclopes
On voit à l’intérieur d’un antre rocheux, trois géants, Brontès, Stéropès et Pyracmon, forgeant les foudres de Jupiter, que Vulcain (détruit) assis en face d’eux, maintient sur l’enclume
Ces êtres fabuleux sont figurés pourvus de deux yeux et non pas d’un œil unique au centre de leur front, comme les décrivent les auteurs anciens
Le pied de l’un d’eux, mutilé a été restauré depuis l’antiquité d’une manière maladroite
C’est l’unique illustration de ce thème retrouvée en Tunisie
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des amours de Dougga
Cette mosaïque trouvée à Dougga date de la fin du 4ème siècle après J.C
Elle présente deux amours nus et ailés qui s’affairent entre les branches de deux ceps de vigne plantés dans un grand cratère d’or
L’une de ces deux génies apparaît debout portant sur l’épaule une corbeille pleine de grappes de raisin qu’il vient de cueillir
Le deuxième, assis sur une branche, tient d’une main une serpette et de l’autre main une laisse qui retient captif un lézard
Le pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des échansons de Dougga
Cette mosaïque trouvée à Dougga (dans la maison des échansons) , date du milieu du troisième siècle après J.C
On voit deux robustes échansons qui ont fort à faire pour remplir de vin les coupes que leur tendent deux personnes. Ces derniers sont vêtus d’une tunique courte, blanche pour l’un, grise pour l’autre, bien ajustée et décorée de galons différents
Le buveur de gauche a la tête coiffée d’un bonnet sommet d’une plume rouge
Les deux échansons portent différemment : le premier porte une sorte de pagne. L’autre une simple pièce d’étoffe que ne lui recouvre que très sommairement le corps. Autours de leurs cous, est passée une cordelette au bout de laquelle s’attache un pendentif en forme de cœur. Chacun d’eux porte sur son épaule une amphore dont il verse le contenu à l’un des buveurs. Les deux amphores portent deux noms grecs : Pie ! (bois !) et ZHCHC (Tu vivras). L’un des échansons porte dans sa main droite un rameau de laurier, l’autre appuie contre sa cuisse gauche une petite amphore
Deux adolescents à longue chevelure blonde se trouvent aux extrémités du tableau. Ils portent une tunique courte à manches longues. Ils apportent aux buveurs, l’un une serviette et une cruche et l’autre une branche de laurier et un panier rempli des roses
Ce tableau est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
Scènes de pêche à la ligne, au trident et au filet, Dougga, maison de Dionysos et d’Ulysse. Musée du Bardo
Scènes de pêche à la ligne et au filet, Dougga, maison de Dionysos et d’Ulysse. Musée du Bardo
Pavement de fond de bassin, Dougga, maison de Dionysos et d’Ulysse. Musée du Bardo
La mosaïque de la chasse des oiseaux de Dougga
Chasse des oiseaux à la glu par des Amours et quatre chevaux vainqueurs. 3ème siècle après J.C. Maison du trifolium de Dougga. Musée du Bardo
L’aurige vainqueur de Dougga
Ce pavement de mosaïque trouvé à Dougga est daté de la deuxième moitié du 4ème siècle après J.C
L’équipage est figuré de face avec des chevaux ordonnés de paires de chaque coté du char. Près de l’aurige, qui s’appelle Eros, se trouve une inscription disant Eros omnia per te (Eros tout grâce à toi). Sa tunique est verdâtre très étroitement ajustée au corps, est serrée par une large ceinture à plusieurs lanières de cuir, destinée à le protéger contre le frottement des rênes, nouées autour de sa taille. Il tient dans ses mains un fouet, une couronne végétale et un palme.
Deux des quatre chevaux possèdent des noms : Amandus (l’aimable) et Frunitus (le jovial)
En arrière, on voit une série d’arcades fermées par des portes battantes à claire voie qui évoquent les remises d’un cirque. Au dessus se trouve un édifice à faces tétrastyles surmontée d’un fronton triangulaire. Il peut être un temple ou la loge de l’ordonnateur des jeux
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque du labyrinthe de Dougga
Ce pavement exposé aujourd’hui au musée du Bardo pavait avant le vestibule d’une maison de Dougga
Cette mosaïque représente un dédale géométrique figurant le plan de labyrinthe
La mosaïque de Dionysos et des quatre saisons
Bustes du dieu Dionysos et des 4 saisons. Règne de Gallien (260-280 après J.C). Dougga, maison de Dionysos et d’Ulysse. Musée du Bardo
Sources
- Splendeurs des mosaïques de Tunisie, Mohamed Yacoub
- المتحف الوطني بباردو, الوكالة الوطنية للتراث
- La mosaïque et la mer, les éditions de la méditerranée, Alif
- Les merveilles du musée du Bardo, Mohamed Yacoub
- Dougga, Mustapha Khanoussi
- Thugga, Dougga, Samir Aounallah
- Peinture de pierres, les mosaïques du musée du Bardo, Mohamed Yacoub
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