L’évolution de la mosaïque en Tunisie
Par Zaher Kammoun
Le mot mosaïque dérive du latin MUSIUUM OPUS ce qui signifie l’ouvrage lié au Musé. Le mot arabe dérive du mot grec PSEPHOS. La mosaïque est une technique de revêtement et de décoration des surfaces
Les premières mosaïques du monde étaient faites par des galets puis ces matériaux sont remplacés par des fragments de pierre ou d’autres matières, taillés finement à la main, en forme de cubes et assemblés de manière rigoureuse pour former une surface homogène
Le pavement de mosaïque se repose sur trois couches, de bas en haut:
- Le statumen: fait d’agrégats hétérogènes
- Le rudus: de mortier très dur
- Le nucleus: de mortier plus homogène et imperméable à l’eau
- Le supranucleus: c’est le lit de pose qui sert à incruster les tesselles
Les types de mosaïques:
- Opus signinum: des tesselles incrustées dans un sol de ciment
- Opus tessellatum: utilisation de cubes de forme grossièrement quadrangulaire (5 à 20 mm de coté)
- Opus vermiculatum: des tesselles de petites tailles, découpées par minutie (inférieur à 4 mm de coté)
- Opus scutulatum ou lithostroton: composé par un fond en opus tessellatum, à l’intérieur duquel sont insérés des fragments de pierre de couleurs variées et de formes généralement irrégulières
- Opus sectile: composé de plaques de pierres ou plus souvent de marbre de différentes couleurs, taillées à la scie
- Opus figlinum: composé de tesselles de céramique et même taille et de forme rectangulaire, assemblées par groupes de quelques tesselles et juxtaposées pour créer une impression visuelle similaire à celle du tressage d’un panier
- Opus spicatum: les éléments de céramique sont disposés en arrêtes de poissons
- Opus pseudo-figlinum: des tesselles faites de matériaux autres que la céramique
La mosaïque en Tunisie
La Tunisie possède la plus grande collection de mosaïques au monde. Cette collection est tellement riche qu’on a pu dire que ce pays tout en entier en était couvert.
Les premiers pavements de la Tunisie remontent à la période punique (au 5ème siècle avant J.C). Ils ont été trouvés à Carthage mais surtout à Kerkouane (Opus signinum)
Mais l’essor de l’art de la mosaïque en Tunisie a été remarqué surtout pendant la période romaine. Les pavements apparaissent d’abord fortement influencés par les ateliers italiens. Pendant le premier et le deuxième siècle, on trouve des ornementations géométriques simples traitées en noir et blanc
Sous le règne des Antonins et des Sévères et plus particulièrement au milieu du deuxième siècle après J.C, on assiste à l’apparition de la mosaïque africaine proprement dite.
La mosaïque africaine est caractérisée par une polychromie raffinée, des motifs géométriques très élaborés, des trames végétalisées et une grande variété de scènes figurées
Plusieurs sites archéologiques ont fournis des pavements de mosaïques surtout dans les villes de la Byzacène : el Jem, Acholla, Sousse, mais aussi une autre école apparaît: l’école de Carthage
Dès l’époque Sévérienne (fin du 2ème siècle et début du 3ème siècle), apparaissent de nouvelles tendances liées aux demandes de la bourgeoisie africaine : on peut alors voir des scènes de la vie quotidienne, et de la réalité économique et sociale : chasses, pêches, scènes d’amphithéâtres et de cirques, des scènes athlétiques mais aussi des scènes de la mythologie romaine
Avec l’apparition de la religion chrétienne en Tunisie, les gouts changent. Des pavements chrétiens sont produits à partir du milieu du 4ème siècle après J.C à la fin du 6èmle siècle après J.C. mais le plus grand nombre est daté du 5ème siècle après J.C. Ces pavements sont trouvés surtout à Tabarka, Kélibia, au sahel et à Sfax. Ils ornaient les églises, les chapelles mais aussi les tombes chrétiennes
Sous les byzantins et au cours du 6 ème siècle après J.C, l’Afrique n’a pas connu un épanouissement de l’art de la mosaïque pariétale à fond d’or comme celui produit à Constantinople. Pour la Tunisie, les motifs utilisés étaient : des rinceaux de végétaux, des volatiles, des cratères, des corbeilles, des fruits, des fleurs…
L’art de la mosaïque n’a pas disparu avec les arabes, plusieurs pavements ont été trouvés dans les palais des musulmans. Le Calife el Qaiem (10ème siècle après J.C) a orné le sol de la salle d’apparat de son palais de Mahdia, d’un grand pavement à décor géométrique et floral. Mais au cours du temps, cet art à commencé à s’éteindre en laissant sa place pour d’autres arts. Aujourd’hui on trouve les motifs utilisés avant dans les mosaïques dans les tapis du Kairouan et d’autres centres ruraux et urbains de la Tunisie
Les mosaïques sont aujourd’hui exposées dans les musées de la Tunisie. Le musée du Bardo possède la plus grande collection du monde, suivi par le musée de Sousse.
Sources
- El Jem, l'antique Thysdrus Hédi Slim
- Splendeurs de mosaïques de Tunisie, Mohamed Yacoub
- La mosaïque et la mer, les éditions de la méditerranée, Alif
- Bibliographie des mosaïques de Tunisie
- Cours général de la mosaïque antique, définition et les termes utilisés pour la documentation de la mosaïque in situ, Soumaya Gharsallah
- Peinture de pierres, les mosaïques du musée du Bardo, Mohamed Yacoub
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