Le sanctuaire de Lalla Mokhola
Zaher Kammoun
Dans le site archéologique de Dougga et plus précisément près des citernes d’Ain Hammam, le visiteur peut de découvrir un espace un peu bizarre : des murs blanchis à la chaux, des traces de mains et des inscriptions au henné, des restes de bougies et des traces de sang séché d’un poulet ou d’une chèvre…
C’est le sanctuaire de Lalla Mokhola la sainte patronne de Dougga. Voila alors sa légende selon les histoires locales :
‘’ Lalla Mokhola arriva à Dougga très longtemps avec son fiancé et plusieurs compagnons. Elle venait du Maroc et s’arrêta près de l’arc de Sévère Alexandre pour se reposer et quand elle voulut repartir, les habitants la retinrent de force. Elle décida alors de rester à Dougga dans une canalisation de l’aqueduc qui mène de l’eau vers Dougga. Lalla Mokhola quitte Dougga chaque année pour le pèlerinage à la Mecque.
On lui porte de la lumière le soir, on lui sacrifice des poulets, des chèvres et des moutons. Le jour du mariage, le fiancé va prier au sanctuaire et offre des bougies à la sainte
Chaque année à la fin du printemps, une fête s’organise qu’on appelle la zarda. Au soir, on conduit une vache, blanche de préférence et achetée suite à une collecte, dans les citernes. On dit qu’au cours de la nuit Lalla Mokhola verse de l’huile sur la tête de la vache qui sera sacrifiée le lendemain et la viande sera distribuée sur les familles’’
D’après les habitants de Dougga, la sainte possède plusieurs pouvoirs : elle fait venir les pluies, rend féconde la femme stérile, annonce la prochaine libération au prisonnier et au soldat, guérit le malade, assure le succès des élèves et trouve un mari à la vieille femme
Lalla Mokhola n’a rien à voir avec le culte islamique. Une dédicace latine de l’aqueduc précise qu’il prenant sa source au lieu dit Moccola et son point d’origine s’appelle fons moccolitanus
En 184 après J.C, et pour célébrer l’arrivée de l’eau à Dougga de la source Moccolitane, les habitants ont institué un culte pour honorer son lieu d’origine. Ce culte païen a résisté à 5 siècles de christianisme et quatorze siècles d’Islam en Tunisie!!
Source
- Dougga de Mustapha Khanoussi
- Épigraphie et ethnographie. D’une fête populaire de Dougga, en Tunisie, à la dédicace de l’aqueduc de Thugga, en Afrique romaine, Monsieur Azedine Beschaouch