Les mosaïques de Diane la chasseresse en Tunisie
Par Zaher Kammoun
Diane était la déesse de la chasse, de la lumière et du monde sauvage dans la mythologie romaine. Elle est devenue comme ça après son assimilation à la déesse Artémis du panthéon grec durant le lectisterne de 399 av. J.-C.
La mosaïque de Diane la chasseresse d’Utique
Ce pavement daté de la fin du 2ème siècle ou du début du 3ème siècle après J.C a été trouvé à Utique (Bizerte)
Diane est figurée ici court vêtue, en train de bander un arc pour décocher une flèche contre une biche. Son visage jeune est d’une beauté régulière
Au centre du pavement se dresse un arbre dont les branches largement écartées. Il possède des feuilles pointues, étroites et allongées. Cet arbre peut être un olivier
La biche se trouve à droite, elle est en train de brouter les jeunes pousses d’une branche
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de Diane la chasseresse d’el Jem
Ce pavement daté du début du 3ème siècle après J.C a été trouvé à el Jem
Diane est placée entre deux arbres dans un cadre carré à cotés incursives au centre du pavement. Derrière Diane se trouve un cerf bondissant
Autour d’elle, des guirlandes de laurier vert et fané déterminent, en s’entrecoupant des médaillons occupés par des plantes de saisons, des oiseaux et des scènes de chasse figurant des chiens qui poursuivent un lièvre, une gazelle, un renard ou un chacal
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de Thuburbo Majus
Cette mosaïque datée de la deuxième moitié du 3ème siècle après J.C est trouvé à Thuburbo Majus
Elle servait comme décor à divers compartiments contenant des motifs d’amphithéâtre et dans lequel a été encastré, sans doute à une date postérieure, un tableau carré où figure Diane la chasseresse chevauchant un daim au galop
La mosaïque présente aussi le dieu Mars et un personnage nu
Ce tableau est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des Mois et des Saisons d’el Jem
Ce pavement daté de la première moitié du 3ème siècle après J.C (du règne de Sévère Alexandre 222-228 après J.C), a été trouvé à el Jem
Les Saisons et les Mois, sont illustrés par des scènes caractéristiques, placées dans de petits carrés insérés sur plusieurs rangées parallèles dans une trame géométrique assez dense
Les Saisons sont symbolisées par des personnages masculins en pied occupant la rangée de gauche :
- En haut, le printemps est un jeune homme en tunique verte, la tête couronnée de fleurs et porte un chevreau sur les épaules.
- L’été apparaît sous les traits d’un adolescent, vêtu d’une courte blouse jaune, serrée à la taille par une ceinture, brandissant une faucille et portant une gerbe d’épis sur son épaule.
- Un satyre en tunique rouge, muni d’un rhyton et d’un pedum (bâton pastoral à bout recourbé), la tête entourée de feuilles de vigne, personnifie l’automne.
- L’hiver est un homme qui porte une tunique sombre et un capuchon, d’une main il tient un lièvre et de l’autre, une longue tige de millet à laquelle sont attachés deux canards sauvages, symbolisant les chasses de l’hiver
A droite des Saisons, figurent les Mois :
- Le printemps groupe Mars, Avril et Mai, les romains faisaient commencer l’année par cette Saison : Mars est symbolisé par trois hommes tenant une peau de bête qu’ils semblent battre à l’aide d’une épée ou un bâton. Avril, montre en premier plan deux hommes en train d’exécuter un pas de danse en brandissant les cierges allumés et en agitant des crotales. Un édicule à fronton abrite une statue de Vénus à sa toilette. Le mois de Mai est consacré à Mercure, dont la statue est dressée, à droite du cadre sur un socle quadrangulaire. Le dieu est complètement nu, à ses pieds est posée une carapace de tortue. A gauche on voit un prêtre vetu d’une longue tunique blanche et muni d’une tablette d’encens qui s’apprête à sacrifier un chevreau sur un autel
- L’été groupe Juin, Juillet et Aout. Juin est présenté par deux hommes installés dans une boutique au plafond de laquelle sont suspendues des cruches servant à boire à un troisième, ce sont probablement des vendeurs de boissons. Juillet montre un jeune homme qui court en tendant la main vers l’avant, le dos chargé d’un filet enserrant des gerbes d’épis. Le mois d’Aout est symbolisé par une statue d’Artémis- Diane dressée sur un socle quadrangulaire que flanquent un cerf et un chien. La déesse porte une tunique courte et un manteau à bouts flottants, dans sa main droite elle tient un arc et de la main gauche elle retire une flèche de son carquois
- La troisième rangée comporte les trois mois de l’automne : Septembre est symbolisé par une scène de deux hommes à moitié nue, occupés à fouler des raisins dans une cuve rectangulaire. Pour conserver leur équilibre, les manœuvres, tiennent, chacun, les deux bouts d’une corde qui passe autour d’une barre fixée au dessus de leur tête. Le mout coule dans un grand chaudron, par l’intermédiaire d’une rigole aménagée dans la paroi de la cuve. Le mois d’Octobre est symbolisé par deux astrologues orientaux. Ils sont tournés l’un vers l’autre et lèvent tous les deux la main droite pour montrer une étoile. Leur costume est composé d’une longue tunique blanche, que recouvre un manteau jaune pour l’un, vert pour l’autre. Le mois de Novembre est symbolisé par trois personnages, le premier à gauche, a le visage recouvert d’un masque d’Anubis à tête de chacal. Ses deux compagnons portent sur la tête le bonnet à plumes des prêtres d’Isis
- L’hiver groupe Décembre, Janvier et février. Décembre montre une scène qui se rapporte à la fête des saturnales. On y voit trois esclaves vêtus d’un simple pagne qui rythment un pas de danse en brandissant une torche et en claquant les mains, pour exprimer leur joie d’être traités, à l’occasion de cette fête, sur pied d’égalité par leurs maitres. Le mois de Janvier est consacré au culte des Pénates, deux personnages chaudement vêtus d’un manteau sombre et d’un foulard, sont en train d’échanger des vœux. A leur gauche, se dresse une statuette auprès de laquelle sont déposées des offrandes caractéristiques : galette, poupée et pelote de laine. Le mois de Février termine l’année, un jeune chevalier romain, torse nu, frappe avec une lanière de peau de bouc le ventre d’une jeune femme pour la rendre féconde
Tous les tableaux sont accompagnés de légendes permettant de reconnaître les mois qu’ils symbolisent
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée de Sousse
La mosaïque de Rome et ses provinces d’el Jem
Ce pavement est trouvé dans la maison dite d’Africa à el Jem
Il présente Rome et ses provinces. Rome occupe la partie centrale du tableau, elle est figurée assise sur un monceau d’armes évoquant ses victoires, la main tenant un globe qui symbolise le monde sur lequel s’exerce sa bienveillante autorité
Tout autour, ont été ordonnées six figures féminines en buste évoquant six provinces :
- L’Egypte au sistre symbole de la déesse Isis dont elle est pourvue
- L’Afrique à la peau et aux défenses d’éléphant qui rehaussent sa tête
- L’Asie à la coiffure tourelée, attribut de Cybèle et à l’arc caractéristique des Parthes dont elle est munie
- la Sicile : une femme avec une tête surmontée de trois jambes qui évoquent les trois pointes de la grande ile. Cette femme peut être Diane la chasseresse
- L’Espagne : une femme avec un rameau d’olivier
- La dernière figure reste anonyme
Ce tableau est encore in situ dans la maison d’Africa au musée d’el Jem
Mosaïque de Diane
Mosaïque d’un monument funéraire romain représentant Diane, déesse de la chasse, entourée d’animaux sauvages. Début du 3ème siècle après J.C. Mausolée, Sousse. Musée de Sousse
Sources
- Splendeurs des mosaïques de Tunisie, Mohamed Yacoub
- Peinture de pierres, les mosaïques du musée du Bardo, Mohamed Yacoub