Le site archéologique de Taparura à Sfax

Par Zaher Kammoun

Taparura ou Taprura ou Taphroura en arabe est une ville antique de Sfax. La table de Peutinger la place sur le littoral à 20 milles de Thyna. En réalité, elle est à 20 milles d’Usulla et à 8 milles de Thyna, car d’après les indications de Ptolémée, Pomponius Mela et Pline, Taparura doit être la ville actuelle de Sfax. Mais rien n’est confirmé

Taparura تبرورة

La ville antique n’est encore bien localisée mais ses monuments se trouvent aujourd’hui éparpillés autour de l’actuelle Sfax dans un rayon de 7 km comme les thermes privées et les maisons romaines. Pour l’époque chrétienne de cette ville on a trouvé au moins deux basiliques et des nécropoles qui datent du 6ème siècle après J.C

Limenianus était un évêque en 411

Edifices

Plusieurs édifices ont été découverts partout à Sfax.

Les domaines rustiques romains de Sfax (taparura)

Les archéologues ont découvert plusieurs villas rustica dans la région de Sfax. Ces maisons se trouvaient dans des domaines agricoles et possédaient des dimensions considérables. La plupart comportaient des thermes chauffés pour l’hiver et une piscine découverte pour l’été. On a découvert une décoration importante comme les mosaïques, les fresques, le marbre… ce qui confirme l’aisance de leurs propriétaires

Il est sur qu’il ya une relation entre ces maisons et les jneins et  les borjs Sfaxiens qui se trouvent dans un rayon de 10 km de la médina de Sfax

Sfax connaissait le mode de posséder une résidence secondaire, ce mode évoluait surtout au 3ème et au début du 4ème siècle après J.C ou le calme régnait dans le pays. A cause des troubles politico-économiques que connaissaient Sfax, un nouveau mode de vie apparaissait : la ferme fortifiée qui était un bâtiment à usage mixte, dont le plan permet l’utilisation comme refuge et base de défense en cas d’incursion de pillards, mais qui, en période calme, doit fournir les plus larges possibilités d’habitation

Quelques jneins suivent les centuriations romaines : Gremda

Ces découvertes montrent que la banlieue sfaxienne devait être couverte de bourgades très rapprochées

La villa romaine du terrain de Salah Ouarda  

Cette demeure se trouve à 7 km au Nord Ouest de Sfax sur la route de Menzel Chaker (l’ancienne route Attia). Le lieu est dit Henchir el-Kerrai. D’autres scientifiques disent que cet ensemble était un ensemble thermal

Le plan de la maison

Deux campagnes de fouilles ont montré la présence d’un corps d’habitation et d’un mur massif de plus d’un mètre d’épaisseur qui assurait la protection de la maison. La première fouille a été faite en 1953, la seconde fouille a été faite en Janvier 1957

La fouille de l'Océan

La maison présente un nombre important de pièces qui étaient souvent vastes. Onze d’entre elles ont livré de très belles mosaïques. D’autres salles comportaient un revêtement en marbre et des fresques. Une salle était chauffée en sous sol par des hypocaustes. L’aile droite constituait le secteur réservé aux dépendances

Des pavements présentaient des animaux familiers : un pavement à décor en chevrons polychromes dans lequel s'inséraient quatre tableaux rectangulaires représentant un lièvre dévorant une grappe de raisin, un faisan, une gazelle accroupie et un canard ; tous ces animaux sont placés au milieu de touffes d'herbe ou de plantes.

Un pavement représente Hercule ivre soutenu par Pan et un satyre apparaît nu et dépourvu de ses attributs  jetés à terre (scyphos, massue, peau de lion). Il est exposé aujourd’hui au musée de Sfax

La mosaïque d'Hercule

Une autre chambre (le frigidarium si on parle de thermes) livre une mosaïque représentant un poète (Ennius) entouré par les muses. Il est assis dans un fauteuil derrière lequel se tient Clio. Les angles du pavement sont occupés par des figures des quatre Saisons. 3ème siècle après J.C.

La mosaïque du poète

Détail

Une mosaïque qui pavait le triclinium de la maison (de 50 m2 de surface) présente une Néréide mollement allongée sur les anneaux de la queue d’une panthère marine qui vogue dans une mer poissonneuse, dans des barques ou sur des rochers  se tiennent des Amours pêcheurs, quatre figures d’Océan, dont les figures ne sont pas identiques, sont placées dans les angles de la bordure, avec une intention certainement prophylactique. 3ème siècle après J.C. ce pavement a été découvert en 1957 et exposé aujourd’hui au musée de Sfax

La mosaïque du triclinium

La salle  à hypocaustes comportait une mosaïque à décor géométrique : d'épais filets polychromes déterminent une combinaison d'étoiles à sis branches et de losanges à décor emboîté. A l'intérieur des étoiles, on observe soit un canthare d'où émerge une courte tige à extrémité bifide, soit un groupe de rosés à trois pointes ou d'hederae, soit des grappes de raisin. La bordure extérieure de cette mosaïque comporte un décor de vagues où se retrouvent en tons dégradés toutes les teintes utilisées : ocre, mauve, rouge, vert pâle, noir clair, blanc.

Cet ensemble date du 4ème siècle après J.C. Malheureusement il ne reste rien de ces vestiges aujourd’hui

La maison du jardin UZAN

Cette maison se trouve sur la route de Gabès, Elle contenait des thermes privés. La plupart des pièces étaient ornées de mosaïques géométriques et florales : guirlandes entourant des rosaces; étoiles à huit pointes, chargées au centre d'une rosace et séparées par des carrés enfermant le nœud de Salomon)

La maison de Jardin Kammoun

Cette maison se trouve situé à Sidi Abdenhour, sur la route d'El-Aïn à 6 kilomètres au Nord-Ouest du centre de la ville

Cette maison contenait des thermes privés. La plupart des pièces étaient ornées de mosaïques géométriques et florales

La seule pièce digne d'être signalée est un fragment d'entablement en marbre décoré de trois listels : denticules, oves et fers de lance, rais de cœur.

La maison d’Orphée, jardin Chaabane

En 1953, on a découvert une maison pavée d’une très belle mosaïque représentant Orphée charmant les animaux (cette mosaïque date du début du 4ème  siècle après J.C). Cette maison se composait d’un corps d’habitation et d’une installation de thermes privés. Cet ensemble faisait partie du jardin de Mr Hadj Mohamed Chaabane situé à Sakiet Ezzit à 7km au Nord de Sfax

Le système hydraulique de cette maison est très développé, on a trouvé des bassins, des canalisations, des puits…

La mosaïque d’Orphée aujourd’hui mutilée malheureusement, est constituée  de trois parties qui se détachent sur un fond blanc : une bordure décorative, une vingtaine d’animaux et un registre central représentant Orphée assis sur un rocher jouant de la lyre devant un décor végétal. Ce pavement date du 4ème siècle après J.C

Les animaux représentés sont : un cobra, une fouine, un tigre, une autruche, un lièvre ou un lapin, un oiseau aquatique de type échassier, un hérisson, une belette ou martre ou écureuil, une lionne, un sanglier, un lion, une couleuvre ou une vipère, un cheval au galop, un griffon (animal fantastique), un bouc, un canidé, deux singes, une tortue, un rouge gorge.

La mosaïque d’Orphée de cette maison est similaire à la mosaïque d’Orphée de Thyna

La mosaïque d'Orphée de Thyna

Malheureusement il ne reste rien de ces vestiges aujourd’hui

Les édifices religieux

L’église du terrain Mezghani

Aujourd’hui disparue, cette église se trouvait sur le terrain de Mezghani (buttes Mezghani, Mezghani est le nom du propriétaire du terrain), l’actuelle zone industrielle Poudrière à 1200 m au Nord de la médina de Sfax. Avec cette église on a trouvé un  baptistère et un cimetière chrétien

En mars 1916, des cavaliers du 4ème régiment de spahis qui exécutaient un exercice de fortifications de campagne près de Sfax ont trouvé une mosaïque en bon état de conservation, cachée sous 0,6 m à 0,7 m de terre. La fouille, commencée par l'autorité militaire, a été étendue par les soins de M. Dominique Novak, correspondant honoraire du Ministère de l'Instruction publique, et de M. Chatel, vice-président délégué de la municipalité de Sfax

La description de l’église par Mr Merlin dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques 1917 :

Cette église a un plan très simple, comprend une seule nef, ayant un peu plus de 30 mètres de long, et à peu près 9 mètres de large. Elle a la forme d'un rectangle qui se termine sur un de ses petits côtés, au Nord-Est, par une abside arrondie. L'entrée était apparemment ménagée au Sud-Ouest, à l'opposé de l'abside. Le quadratum populi est long de 21,9 m. Le chœur long de 3,3 m, domine le quadratum de 0,4 m et en était séparé jadis par des balustrades dont les trous de scellement étaient encore visibles. Le presbylerium, surélevé de 0,15 m au-dessus du chœur, s'étend sur une profondeur de 6 mètres. Les murs qui fermaient l'église sur tout son pourtour ont complètement disparu

Le pavement du quadratum populi, en cubes de calcaire et de brique, présente une succession de grandes rosaces cruciformes juxtaposées, dont les branches s'étendent obliquement et entre les bras desquelles apparaissent des sujets variés motifs géométriques (fleurons, carrés), calices, corbeilles chargées de fleurs ou de fruits, animaux (quadrupèdes, poissons ou oiseaux, dont l'un emporte dans son bec un serpent, dont un autre est perché sur une corbeille, etc.). Bordure torsade. (Cette mosaïque a été enlevée, comme celles dont nous parlerons plus loin, par l'atelier du Bardo, sous la direction de M. Pradère, conservateur du Musée Alaoui. Montée sur ciment armé, elle a été remployée en bonne partie comme pavement dans le vestibule d'entrée, au rez-de-chaussée, de l'hôtel de ville de Sfax.). Ce pavement date du 6ème  siècle après J.C

A peu près au milieu du rectangle formé par cette mosaïque en était inscrit un autre mesurant 8,5 m de long sur 2 mètres de large environ, qui devait contenir, dans le sens de la longueur, une frise de représentations figurées, faites en cubes de marbre et de verre, dont fort malheureusement nous ne possédons plus qu'une minime portion. Seul subsiste, et non sans avoir souffert quelques dégradations, un personnage de l'extrémité gauche c'est Daniel au milieu des lions

Au-dessus de Daniel (c'est-à-dire à gauche en regardant l'abside), une large bordure représente des colombes blanches qui se suivent vers la droite (c’est à dire vers le presbyterium) séparées par des rameaux de feuillage

La mosaïque aux rosaces cruciformes, qui occupait tout le reste de la nef, autour de cette frise dont il n'a survécu que le Daniel, était interrompue sur certains autres points par des figurations, extrêmement abîmées aujourd'hui, en cubes de marbre. Contre le mur rectiligne qui faisait face à l'abside et vers le milieu de la nef, on voyait encore la jambe droite d'un homme qui était vêtu d'une tunique rouge et chaussé d'un haut brodequin; cet homme était en partie caché, autant qu'on en peut juger, par un animal, peut-être nu lion, dont il subsiste une des pattes (?); bordure : torsade. A peu près sur le même alignement, dans l'angle gauche de la nef quand on regarde le presbyterium, se trouvaient les restes d'un personnage monté sur un cheval blanc qui est sellé et dont le harnachement est agrémenté de pompons; l'homme, dont le corps et le visage se présentaient de face, a la tête nimbée et porte une tunique rouge sur laquelle est passé un manteau vert descendant droit dans le dos; il étend le bras gauche et tient dans sa main une palme et un autre objet actuellement cassé (une couronne à lemnisques?); le cheval, qui s'avance vers la gauche, écrase sous ses pieds un serpent. C'est bien vraisemblablement une image de Saint Théodore, qui, comme Daniel est fréquent, en Afrique sur les carreaux chrétiens en terre cuite des 5èmes   et 6ème  siècles. La moitié antérieure du cavalier et de sa monture est anéantie, de même que l'extrémité de la croupe de l'animal.

Saint Théodore

Le sol de la nef renfermait des tombes. Une épitaphe (hauteur 0,6 m; largeur 0,6 m) était incrustée dans le pavement au dessus de la tête de Daniel, à un mètre du tableau central du quadratum. Elle était faite de lettres hautes de 0,10 m en mosaïque noyées dans une dalle en ciment, nous n'avons plus que des tronçons du texte.

Le chœur, lui aussi, était tapissé de mosaïque médaillons circulaires juxtaposés avec, au milieu, des croix de modèles divers; bordure volutes dont les crosses s'infléchissent alternativement i droite et à gauche. Quelques médaillons sont seuls plus ou moins complètement sauvegardés

Quant au presbyterium sa mosaïque ne s'était conservée que sur un très petit espace; elle se composait de médaillons encadrés de sarments de vigne et de grappes de raisin, avec une riche bordure à grands rinceaux.

Sur le flanc droit de l'église, un peu au-dessous du niveau du quadratum populi, se développe, contre le chœur et la partie du quadratum qui lui est adjacente, une salle beaucoup plus longue (11 mètres) que large (3,10m), agrémentée d'une mosaïque en bon état des torsades rouges et vertes qui s'entrelacent déterminent des médaillons circulaires au nombre de trois dans la largeur les médaillons des lignes extérieures renferment des ornements géométriques identiques d'une ligne à l'autre sur un même rang (croix, rosaces, fleurons, etc.); dans la ligne médiane, les trois médaillons de chaque extrémité contiennent également des dessins géométriques identiques à ceux de la même rangée; les autres sont garnis de sujets animés poissons parfois groupés par deux, poulpe, oiseaux variés, la plupart de ces derniers surmontés d'une branche de feuillage portant une fleur; en général, les poissons alternent avec les oiseaux. Dans les intervalles, entre les médaillons, des branches fleuries dirigées en sens inverse dans la ligne droite et dans la ligne gauche. Bordure carrés disposés obliquement et se touchant par un de leurs angles

Une autre salle fait suite à celle-ci vers le Nord-Est et s'adosse au côté droit de l'abside; elle a un peu plus de 4,5 m de large et 4 m de long; son mur de fond était ainsi à peu près sur le même alignement que le sommet de la courbe du presbyterium. Celle salle était pavée d'une mosaïque très détériorée dans des compartiments carrée, délimités par des torsades, se montrent des fleurons, des rosaces, parfois des animaux, dont un canard.

Les murs ayant été complètement détruits, il n'est plus possible de savoir s'il existait une porte entre ces pièces, ce qui est toutefois bien probable, ni comment au juste elles communiquaient avec l'église proprement dite dont elles devaient être des dépendances

Limenien était un évêque de l’église de Taparura. Il était catholique et il participait à la conférence de Carthage en 411

La mosaïque de Daniel

Cette mosaïque a été découverte dans une basilique à Taparura. Elle présente Daniel qui porte un bonnet  phrygien, une tunique courte et un grand manteau orné de galons et brodé de gros cabochons, d’après des vêtements on dit que Daniel est vêtu d’un costume à la mode orientale. Il est représenté en orant dans la fosse aux  lions. Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée de Sfax  et date du 5ème ou du 6ème siècle après J.C

La nécropole chrétienne a été fouillée en partie en 1886 et 1887 et ses sépultures ont été décrites par Mr Vercoutre, médecin militaire. D’autres fouilles ont été faites au début du 20 siècle

Mr Vercoutre a bien étudié la nécropole en 1887, il a découvert :

  • Des tombes constituées par des caissons ou massifs en mauvaise maçonnerie circonscrivant une étroite cavité parfois oblongue et ayant contenu alors un cercueil en planches, mais ayant parfois la forme d'un prisme triangulaire, et alors tapissée à l'intérieur de grandes tuiles disposées en arête, cavité contenant le corps étendu horizontalement sur le dos, sans mobilier funéraire (petites lampes en terre?). Ces tombes peuvent avoir des inscription en mosaïque et en marbre et aussi des représentations : des personnages, du chrisme,
  • Cercueils auges, en pierre tendre, avec couvercle un peu bombé, sans inscription, et contenant plusieurs corps; rares.
  • Sépultures en jarres, avec ou sans toit de tuiles

Un baptistère a été également découvert : un massif irrégulier de maçonnerie grossière et épaisse, brisé obliquement à sa partie supérieure et ayant encore 2 mètres environ dans sa plus grande hauteur. Ce massif est creux; son intérieur est une cuve cylindrique de 1,50 m de diamètre et de 0,9 m de haut; le bord supérieur de cette cuve s'évase et s'étale horizontalement pour former un banc circulaire, fort étroit, ouvert en deux endroits et surmonté de six niches. Les deux ouvertures, placées aux extrémités d'un même diamètre de la cuve, sont deux escaliers, percés dans le massif de maçonnerie et descendant jusqu'au fond de la cuve. Le baptistère est tapissé de mosaïque formée de fleurs,   une croix à branches égales et rectangulaires, une croix entourée d'un grand anneau ornementé. Il devait certainement exister à cet endroit une église chrétienne autour de laquelle étaient disséminées les tombes

Les fouilles du début du 20 siècle ont permis la découverte de tombes en maçonnerie recouvertes de mosaïques encadrées en bordures, une mosaïque représentant une jeune fille debout de face le cour orné d’un collier, d’autres mosaïques représentant des inscriptions et des images : fruits, colombe, personnages…, des tombes en solide maçonnerie très épaisse, des jarres renfermant des corps…

La nécropole a été détruite par les travaux publics de Sfax qui ont pris la terre pour les besoin du remblai du port de Sfax

Les mosaïques mentionnées dans Inventaire des mosaïques de la Gaule et de l'Afrique, Gauckler

  • Mosaïque tombale, brisée en bas: 0m. 65 X 0m. 82. Au sommet, l'épitaphe : Bone memoriae. Attia Quintula dormit in pace d. XII Kal. Aug.; vixit annis XXIII, dies XXIX et oras III. Au dessous, silhouette de la tête (détruite) de la défunte et, à gauche de celle-ci, une perdrix entre deux fleurs. Musée du Bardo.

Le texte est précédé d’une formule bone memoria usuellement associée au lieu de souvenir des martyrs. Ici elle s’applique à la tombe de la défunte Attia Quintula décédée en paix à l’âge de 23 ans, 19 jours et 3 heures

Une croix monogrammatique est insérée dans le texte, au dessus de décor d’accompagneme

متحف باردو Musée Bardo

  • Mosaïque tombale, brisée en haut, à droite et en bas : 0 m. 9 X 1 m. 25. Au sommet, l'épitaphe: B. m. Priscianus, fidelis, vixit ann (is) XXXV ; dormibil in pace d. X K. Februarias, ind(ictione ?)... Au-dessous, dans une couronne, un chrisme. Musée du Bardo
  • Mosaïque tombale, brisée en haut: 1 m. 30 x 0 m. 47. Au sommet, chrisme dans une couronne; au milieu, l'épitaphe: B. M. Crispina vixit annis VIII, m. X, d. XXIII, 0. VI ; dormit in pace. Au-dessous, grive picorant dans un panier de fruits. Musée du Bardo.

L’épitaphe est : Bone Memoria  (haut-lieu de souvenir). Crispina a vécu 8 ans, 10 mois, 24 jours, 6 heures, s’est endormie en paix

متحف باردو Musée Bardo

  • Mosaïque tombale, brisée en haut et à gauche : 1 m. X 0 m. 46. Au sommet, l'épitaphe : (R)ogata vi(xit) annis III, m. XI, die(s) III, 0. VII : dormit in pace. Au-dessous, deux chrismes à croix latines. Au bas du tableau, petite fille en orante, entre deux cierges allumés. Musée du Bardo.
  • Mosaïque tombale : 2 m. X0 m. 25. Au sommet l'épitaphe : Bone Mem[oriae] Verna... vixit an[nis... d. VII; dormit inpace]. Au-dessous, dans un losange, chrisme constantinien. Riche encadre- ment de disques et de croisettes, inscrits dans des carreaux. Détruite, ou disparue.
  • Mosaïque tombale : 1 m. X0.45m, attenante la précédente. Au sommet, chrisme dans une couronne ; au-dessous, perdrix passant à droite ; au bas du tableau, l'épitaphe : Bone memorie Pauline bixit men. III; dor. in pace in Christo. Disparue ou détruite.
  • Mosaïque tombale, brisée de partout. Épitaphe : (T)ertul... vixit annos... m. X, d, I....oras  V ; dor(mit in pace). Disparue ou détruite.
  • Mosaïque tombale, brisée à gauche et en bas. Dans un double cadre rectangulaire, l'épitaphe: Hic sanct issimae sunt [ciner]es tuae. D. M. (femin) a b. m. Aure(lia...)? Disparue ou détruite.
  • Mosaïque tombale, brisée de partout. Débris d'une épitaphe : ...us(p)ax tec(um) ? Détruite.
  • Mosaïque tombale, brisée de partout. Débris d'une épitaphe: ...[in pa]ce III... Juni. Détruite.
  • Mosaïque tombale, brisée de partout. Débris d'une épitaphe : ...Cons... Détruite.
  • Caisson funéraire, recouvert d'une mosaïque très fine, en partie détruite. Personnage en orant, dont il ne reste que la moitié inférieure de la tunique, et les jambes revêtues de chaussettes et de souliers; à gauche du personnage, et contre sa poitrine, « plan d'un petit monument rectangulaire oblongue, avec fronton triangulaire». Au bas du tableau, tête d'un agneau broutant, dont le corps est détruit. Disparue ou détruite
  • Mosaïque tombale. Au sommet, l'épitaphe : Bonae memoriae Pasc[asia]e; vix. a. II, m. VII, in pace]. Au-dessous, petite fille vêtue d'une longue dalmatique, et tenant un rameau d'olivier que picore une colombe. Autre colombe à droite. Disparue ou détruite ?
  • Mosaïque tombale : 2 m. X 0 m. 80. Au sommet, croix latine, ansée à droite, dans une couronne. Au-dessous l'épitaphe: D. M. Vergili Attici ; vixit ann(os..) d. VI et 0. VI... Au bas du tableau, fleuron dans un rectangle allongé. Disparue ou détruite.
  • Mosaïque tombale attenant à la précédente, à gauche. Épitaphe en cubes de verre: fond bleu, lignes séparatives vertes, lettres blanches. Brisée à gauche : Bone memoriae.... ann. XX in pace. Disparue ou détruite.
  • Fragments d'une mosaïque chrétienne, brisée à gauche et en bas. Inscription incomplète, sur deux lignes: ...s honorem Migro... Deo la]udes et p [ax hominibus . . .]

La cité des morts

Près de la médina, on a trouvé deux nécropoles chrétiennes l’une au sud de la ville près de la Kasba et l’autre au Nord sur le bord de la mer. Mais d’autres nécropoles romaines et chrétiennes ont été mises au jour

La nécropole sud

Cette nécropole se trouve à 50 m au sud de la Kasba de la médina de Sfax

Dans la nécropole sud, à la fin du 19ème siècle un ouvrier a trouvé un baptistère tout recouvert de mosaïques et qui devait appartenir à une basilique. Les sépultures se faisaient dans d’énormes jarres que fermaient des bouchons de plâtre. Elles étaient recouvertes de mosaïques avec inscriptions. Le chrisme, la colombe portant le rameau et de riches feuillages accompagnaient les épitaphes. Malheureusement le baptistère a été démoli par l’ouvrier avant que Mr Zichel le vice-consul français soit informé. On a trouvé aussi les vestiges d’une basilique

On exhuma aussi de grandes et lourdes tuiles, véritables dalles en terre cuite rouge ou jaunâtre, planes, carrées, de 60 centimètres environ de côté, épaisses de 2 à 4 centimètres

D’autres restes romains de basse époque ont été découverts : ruines de constructions, puits, citernes, fragments de sculptures sur marbre, quelques médailles petites bronze de Constantin, Constance, Maxence, etc.

La nécropole de terrain de maneouvres

Les fouilles ont été faites sur le terrain de manœuvre militaire en 19ème et début 20ème siècle. Cette nécropole se trouve entre la mer et la plaine

Dr Vercoutre a étudié cette nécropole, il a trouvé des jarres et des tuiles. Les ossements se trouvent dans les jarres. Assez souvent, la jarre-sarcophage était protégée par un toit constitué par les grandes tuiles. Toutes les sépultures sont orientées de l'est à l'ouest, ou peut-être, plus exactement, du nord-est au sud-ouest,  les ouvertures des jarres regardent l'est, et la tête du cadavre, couché dans la jarre, est au contraire du côté de l'extrémité pointue de cette jarre, c'est-à-dire du côté ouest. Les tombes n’ont pas fourni de mobilier funéraire

Barrier et Benson, 2 lieutenants au 4ème régiment de tirailleurs algériens ont découverts dans la partie sud du terrain de manœuvres de Sfax plusieurs amphores et des fosses ou se trouvaient des ossements. La couche supérieure du sol renferme des tombes de maçonnerie, avec ou sans mosaïques bâties sur une jarre ou un caveau constitué par de grandes tuiles plates disposées en forme de toit et contenant le corps, des jarres noyées dans la terre ou encore des tombeaux en tuiles en forme de toit sans maçonnerie. Les couches inférieures renferment uniquement des jarres ou des fosses creusées dans le sol naturel. On n’a pas trouvé de mobilier funéraire dans les couches supérieures mais  les couches inférieures renferment quelques objets : vase de verre, assiette de terre, lampes, plats de terre, pièce de bronze… les monnaies trouvées indiquent qu’il ne faut pas faire remonter cet ensemble de sépulture avant l’an 220 et le mobilier funéraire montre que les sépultures étaient païennes. Il semble probable que le monde de sépulture en jarre a d’abord été employé par les romains païens. Plus tard, les chrétiens s’en sont servis en supprimant le mobilier funéraire. Ils ont remplacé la simple fosse creusée dans le sol par la tombe en tuiles plates en forme de toit

Sidi Mansour

Massigli a mentionné la présence d’une basilique chrétienne avec un baptistère (Massigli)

On a une description du baptistère :

Le baptistère de Sidi Mansour : se trouve à 10 km au nord de Sfax et à quelques mètres du rivage, c’est une cuve à 8 alvéoles. Elle est creusée dans un massif à blocage, d’une profondeur totale de 0,94m. Elle est toute entière inscrite dans une circonférence de 2,25 m de diamètre. Au centre, la cuve proprement dite, de forme circulaire, de 0,27 m de profondeur et ayant un diamètre de 0,58 m. Trois gradins y donnent accès : le premier haut de 0,10 m affecte l’aspect d’un carré de 0,75 m de coté, le second est un banc circulaire de 1,29 m de diamètre, surélevé au dessus du précédent de 0,205 m. Dans le troisième ont été creusées huit niches aux parois arrondies profondes de 0,48 m et hautes de 0,28 m. L’ensemble dessine ainsi une rosace à huit folioles. La cuve était toute entière tapissée de mosaïques : un agneau au fond de la cuve centrale, des roses, une colombe ?, des motifs géométriques. Les couleurs utilisées sont le jaune, le vert, le rouge et le bleu. Ce baptistère est daté de l’époque byzantine (de la fin du 6ème siècle après J.C)

La nécropole de Saint Henri

A 5 km au Nord Est de Sfax, sur la route de Sidi Mansour à 50 m de la mer dans un lieu qui s’appelle Saint Henri (Hay Bourguiba aujourd’hui, elle s’appelle aujourd’hui Saintri par les Sfaxiens), on a trouvé des traces d’habitation, des restes de poterie et des tombes anciennes

Les tombes sont de deux types :

  • Des tombes à amphores
  • Des tombeaux en carreau de céramique : la partie inférieure sur laquelle repose le corps est constituée par un lit de carreaux d’une épaisseur moyenne de 0,05 m. reposant sur cet appui deux dalles forment toit. La partie supérieure et les parties basses qui pouvaient glisser sont retenues par un petit solin de chaux

Certaines tombes sont protégées à une vingtaine de centimètres au dessus par un massif en béton de chaux occupant toute la longueur de la tombe et semblable à ceux qui recouvrent les monuments funéraires musulmans

On a trouvé sur place des débris de poteries : lampes de basse époque, amphores, vases ornés de motifs linéaires. Cette nécropole est chrétienne

Pas longtemps, les français a édifié une église baptisée au lieu de la nécropole

La nécropole romaine de Trik el-Ain

Lors de la construction d’une maison privée à route el Ain km 7 à Sfax en 2012, on a trouvé une nécropole romaine. L'ensemble trouvé dans le quartier (Zanket ech-chikh), constitue une partie d'une vaste nécropole remontant à l’époque romaine sur une surface de 800 m2, une dizaine de sépultures bien conservées dans un espace ouvert ont été répertoriées

Des sépultures soigneusement installées dans des tombes bâties en caissons plâtrés. Un mobilier funéraire a été trouvé dans les tombes. On a remarqué l’absence totale des urnes d’incinération ou de crémation.

Autres objets de Taparura et exposés dans les musées

La tombe de la chrétienne Rogata : la notation puella ajoutée sur l’inscription au nom de la défunte désigne la vierge consacrée aux Seigneurs. Musée de Sfax

Mosaïque tombale représentant la défunte en orante debout accostée de deux cierges. 4ème siècle après J.C. Musée de Sfax

Une mosaïque funéraire chrétienne d’une Adeodata sur laquelle sont représentés des symboles chrétiens, un monogramme constantinien dans une couronne et rosiers. 5ème siècle après J.C. Musée de Sfax

Tombe de chrétien nommé Quiriacus âgé seulement de 3 ans est représenté en orant au dessous de son épitaphe. 5ème siècle après J.C. Musée de Sfax

Mosaïque présentant Saint Theodore nimbé et tenant dans sa main gauche une palme. Il est monté sur un cheval blanc qui écrase sous ses pieds un serpent. Art chrétien très fréquent 6ème siècle après J.C. Musée de Sfax (déjà décrit ci-dessus)

Fragment de mosaïque figurant un gros poisson nageant, la mer est représentée schématiquement par des courts traits. 6ème siècle après J.C. Musée de Sfax

Deux panneaux rectangulaires ayant fait partie d’une grande mosaïque, ils représentent au milieu de plantes stylisées, l’un un faisan, l’autre une gazelle accroupie. 3ème siècle après J.C. Musée de Sfax

Une mosaïque tombale portant le nom du défunt Optata

Une mosaiuqe quiillustre une jeune défunte. Elle a vécu 4 ans, 11 mois, 3 jours et 7 heures. Cette fille fait la prière. Elle porte une dalmatique brodée.une croix monogrammatique et un cierge allumé accompagne le portrait funéraire. Musée du Bardo

متحف باردو Musée Bardo

Sources

  • Géographie de l’Afrique chrétienne, Byzacène et Tripolitaine, Monseigneur Toulotte
  • Archæological News, A. L. Frothingham, Jr. and A. R. Marsh, the American Journal of Archaeology and of the History of the Fine Arts
  • Guide du musée de Sfax M Yacoub
  • Vingt ans de recherches archéologiques sur l’antiquité tardive en Afrique du Nord 1975-1994. Deuxième chronique : supplément à généralités et Carthage- Tunisie. Noel Duval
  • Voyage archéologique dans la Régence de Tunis. T. 1, Guérin
  • Exploration scientifique de la Tunisie, livre 2,  géographie ancienne, Tissot
  • Fouilles du champ de manœuvres de Sfax, Barrier et Benson, bulletin archéologique de comité 1908
  • Note sur la nécropole chrétienne de Sfax, G. Hannezo capitaine au 4ème régiment de tirailleurs algériens et L. Féméliaux lieutenant au  4ème régiment de Spahis, bulletin archéologique du comité, 1900
  • La nécropole de Sfax et les sépultures en jarres, Dr A. Vercoutre, Revue archéologique, 1887
  • Inventaire des mosaïques de la Gaule et de l'Afrique, Gauckler
  • Lettre à M. Georges Perrot sur la découverte d'une nécropole chrétienne à Sfax séance du 14 janvier 1887
  • Un atelier de mosaïques funéraires à Acholla au 4ème siècle (fouilles Fendri sous la direction de G. Picard en 1947-1954), Noel Duval, mélanges de l’école française de Rome, 2003
  • Carthago, 1955
  • Cités antiques et villas romaines de la région sfaxienne, Mohamed Fendri
  • Orphée magicien dans la mosaïque romaine. A propos d’une nouvelle mosaïque d’Orphée découverte dans la région de Sfax, Jean Thirion
  • Découverte Archéologique dans la Région de Sfax, mosaïque des océans, Mohamed Fendri
  • Un milieu menacé : les jardins de Sfax Jean Poncet
  • Activités du service des antiquités de Tunisie et de la mission archéologique française (printemps, été 1953), Picard, Aacadémie des inscriptions et des belles lettres
  • Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1954
  • La nécropole romaine de Trik el-Ain. Architecture tombale, sépultures et rites funéraires. Hager Krimi
  • Les nécropoles de Thaenae, G.L Feuille, bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1938-1939-1940
  • Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1936-1937

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