Les combats dans les amphithéâtres dans les mosaïques africaines de la période romaine en Tunisie
Par Zaher Kammoun
Les bêtes sauvages capturées pendant les évènements de chasse sont destinées aux jeux d’amphithéâtres.
Pendant ces jeux, les animaux s’affrontent mais aussi les gladiateurs. On peut ainsi assister à des combats entre les animaux, entre les gladiateurs mais aussi entre les deux
Les jeux d’amphithéâtre avaient entrainé la formation de plusieurs associations de professionnelles ou sodalités comme : Telegenii, Sineatii, Pentasii, Taurisci, Fagargi… Chaque association a son propre divinité, son propre emblème et son propre chiffre distinctif
Plusieurs tableaux ont été trouvés en Tunisie surtout dans la région d’el Jem connue par son amphithéâtre classé troisième dans l’empire romain
La mosaïque de l’amphithéâtre d’el Jem
Ce tableau trouvé à el Jem est daté du 3ème siècle après J.C.
5 bestiaires apparaissent en train de boire, assis derrière une table, dont la forme arquée évoque l’un des petits cotés de l’arène. Ils sont figurés faisant des gestes. Chacun d’entre eux est muni d’un attribut particulier. On distingue de gauche à droite : une large feuille de lierre, une couronne dorée à trois pointes, une couronne à 5 pointes surmontée d’un poisson, une longue tige de millet et une hampe sommée d’un croissant
Devant la table, de part et d’autre d’une grande amphore remplie sans doute de vin, et d’un tabouret sur lequel sont posées deux petites cruches, se trouvent deux serviteurs. Celui de la droite a fort à faire pour remplir les verres et les tendre aux convives. Le deuxième accourt vers les buveurs et, portant la main à la bouche leur recommande : Silentiu(m) dormiant tauri (silence, laisser dormir les taureaux)
Les cinq personnes parlent fortement. Celui du gauche enhardi par le vin invite ses compagnons à se dévêtir : Nos nudi f(iemus). Son voisin lui tourne le dos et semble protester cantre cette exhortation qu’il a juge trop licencieuse : Bibere venimus (nous sommes venus boire). Le buveur du milieu apparemment agacé par la discussion, trouve que l’on parle trop : Ja(m) multu(m) loquimini affirme t-il. Son compagnon de gauche inquiet de la tournure que prennent les choses propose de mettre fin à la beuverie et de s’en aller : Avocemur. Le cinquième préfère de rester : Nos tres tenemus (mais nous n’avons pris que trois tournées)
Devant ces personnes se trouvent 5 taureaux à bosse
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de Korba
Décor végétal avec un croissant sur pointe et le chiffre III, insigne de sodalité de Telegenii, organisatrice des jeux de l’amphithéâtre. Fin du 3ème siècle après J.C. Curubis, Korba. Musée du Bardo
Le lion de Salakta (Sullectum)
Les Leontii de Sullectum étaient à la fois des armateurs et une association professionnelle des jeux d’amphithéâtres. Ils ont construit des thermes vers le début du 3ème siècle à l’usage des membres de l’association
Parmi les mosaïques trouvées dans ces thermes : le lion de Sullectum, c’est un grand fauve (deux fois plus grand que la nature) de race africaine
Le tableau possède une surface de 30m2 et composé d’environ 15000 cubes par m2 pour un total de 450000 cubes
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée de Salacta
La mosaïque de Smirat
Cette mosaïque trouvée à Smirat (Moknine) au Sahel de la Tunisie date du 3ème siècle après J.C
Dans cette mosaïque figurent 4 athlètes aux prises avec des léopards. Ces athlètes s’appellent Spittara, Bullarius, Hilarius et Mamertinus et les léopards s’appellent Victor, Crispinus, Luxurius et Romanus
Trois des chasseurs portent une courte tunique à manches longues et une sorte de caleçon collant. Spittara porte un simple pagne et une cordelette nouée autour du cou. Leurs pieds sont protégés par des bandages
Deux divinités sont figurées de façon inverse : Dionysos et Diane Némésis. Ils assurent la protection au spectacle. Diane porte une tunique courte cintrée par une écharpe à bouts flottants et porte à la main gauche une tige de millet. Dionysos est presque nu et tient une longue hampe sommée d’un croissant, emblème des Telegenii
Non loin de Dionysos, se tient debout un personnage vêtu d’un habit pourpre, la main munie d’un long sceptre. Son nom est Magerius
Au milieu de la mosaïque se trouve un serviteur, les mains chargées d’un plateau sur lequel sont posés quatre sacs renfermant chacun, mille deniers. Il est vetu d’une tunique plissée, richement ornée de broderies et retenue à la taille par une ceinture qui ménage un large giron. Une longue chevelure encadre son visage et retombe en mèches nattées sur ses épaules
Deux longues inscriptions se trouvent au centre de la mosaïque : l’inscription du gauche est une annonce informant la foule des spectateurs que les jeux que vient de présenter la troupe des Telegenii touchent à leur fin et qu’il faut se préparer à en payer les frais. L’inscription de droite rapporte la réponse de la foule qui acclame un certain Magerius et l’incite à acquitter la somme demandée. Magerius accepte d’indemniser les bestiaires
Cette mosaïque est exposée aujourd‘hui au musée de Sousse
La mosaïque de la Chouette
Mosaïque de la chouette symbolisant la victoire sur les envieux. Sur les deux cotés l'emblème des Telegenii. Fin du 3ème siècle après J.C. Thermes de la chouette. Musée d'el Jem
Spectacle de combats d'ours
Spectacle de combats d'ours dans un amphithéâtre. 4ème siècle après J.C. Curubis (korba), musée du Bardo
La mosaïque de Thélèpte
Cette mosaïque date du 3ème siècle après J.C et trouvée dans la région de Thélèpte au Kasserine
Elle présente sur deux panneaux de nombreux spectateurs serrés les uns contre les autres
La partie centrale montre un gladiateur combattant presque corps à corps avec un lion le fauve est transpercé par la lance de son adversaire. Mais il est encore dressé sur ses pattes postérieures. Le gladiateur est protégé par une solide cuirasse de cuir rouge
Des gouttes de sang coulent et forment des flaques sur le sol
A gauche surgit un autre lion qui va attaquer à son tour le gladiateur. L’arène est entourée d’une enceinte recouverte de plaques de marbre, rendues en teintes dégradées de noir au blanc. Elle est percée de portes entr’ouvertes, devant lesquelles se tiennent d’autres belluaires qui agitent de la main une étoffe de couleur foncée pour exciter les fauves
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des animaux de Sousse
Cette mosaïque datée du milieu du 3ème siècle après J.C est trouvée dans une salle à manger d’une maison à Sousse
On trouve dans cette mosaïque des antilopes, des cerfs, des chevaux sauvages, des addax et des autruches
En haut on voit 4 chasseurs munis d’armes différents et diversement vêtus. Sur le sol sont jetées des armes variées : poignards courbes, couteaux longs, et glaives à lame rectangulaire
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée de Sousse
La mosaïque des autruches du Kef
Cette mosaïque datée du début du 4ème siècle après J.C est trouvée au Kef
Elle présente les préparatifs d’une chasse – spectacle à l’amphithéâtre. Elle montre un filet soutenu par des piquets plantés à intervalles réguliers, entourant une sorte d’enclos où se trouvent des hordes d’autruches et un troupeau de daims
Le filet comporte trois entrées gardées chacune par un couple de chiens. Des valets les maitrisent difficilement. Ce dispositif peut être un parc de chasse artificielle dans un amphithéâtre. Bientôt, les chasseurs et les chiens vont se lancer à la poursuite des animaux
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des animaux de Radès
Cette mosaïque datée du 4ème siècle après J.C est trouvée dans une salle à manger d’une maison à radès (Maxula)
Elle commémore un spectacle d’amphithéâtre et présente un catalogue des animaux exhibés à cette occasion. Chaque animal possède un nom et un chiffre
On voit des sangliers, des ours, un dindon…
Les ours s’appellent : Crudelis, Omicida et Gloriosus
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des animaux de Thuburbo Majus
Cette mosaïque datée de la deuxième moitié du 4ème siècle après J.C est trouvée à Thuburbo Majus
Elle consiste probablement en un catalogue des bêtes exhibées dans l’arène d’un amphithéâtre, lors d’un spectacle offert par un riche personnage
Parmi les animaux présents : des sangliers, des taureaux, des ours, des chevaux, des lions, des dindons, des antilopes, des cerfs, des léopards…
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de combat d’el Jem
Cette mosaïque datée de la fin du 2ème siècle ou du début du 3ème siècle après J.C est découverte à el Jem dans une maison qui s’appelle Sollertiana domus
On voit deux scènes où figurent une personne livrée aux bêtes (damnatus ad bestias)
La première scène montre un homme debout, les pieds joints et peu être liés, n’est vêtu que d’un pagne qui lui recouvre très sommairement son corps. Deux lanistes, dont l’un est encore occupé de lui attacher les mains derrière le dos, viennent de le pousser au milieu de l’arène ou une panthère bondit déjà dans sa direction
La scène suivante montre la phase qui vient immédiatement après : le prisonnier est sur le point de tomber à la renverse sous le poids de la panthère. Du sang coule des blessures. L’un des lanistes, qui n’a pas réussi à fuir à temps, se cache derrière le condamné et cherche à le maintenir en équilibre par crainte de se trouver face à face avec le félin
Dans l’arène, le sol est parsemé de flèches et de taches de sang. Au milieu de l’arène se dresse une construction quadrangulaire- lieu supplice ou estrade servant à présenter les captifs au début du spectacle- que surmontent quatre trophées. Tout autour se trouvent des lions, des panthères, des tigres et des ours
Cette mosaïque est exposée aujourd’hui au musée d’el Jem
La scène de chasse de Khanguet el Hajjej
C’est une scène de chasse aux ours à l’amphithéâtre avec un chasseur au lasso dénommé Lampadius
La mosaïque date de la fin du 4ème siècle ou du début du 5ème siècle après J.C. Elle a été découverte à Khanguet el Hajjej et exposée aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque des combats d’animaux sauvages el Jem
C’est une mosaïque découverte à el Jem dans la cour de la ferme de Haj Ferjani Kacem. Elle est à décor géométrique entourant divers médaillons où figurent des scènes de combat d’animaux sauvages d’une grande cruauté : un lion contre un onagre et une lionne contre une antilope. Ce spectacle a, sans doute été organisé par la sodalité (association) des Telegenii dont on voit l’emblème sur les deux couronnes. Fin du 3ème siècle après J.C. Musée el Jem
La mosaïque de Carthage
C’est une mosaïque à valeur commémorative, figurant un catalogue des bêtes présentées dans l’arène d’un amphithéâtre lors d’un spectacle offert par un riche personnage
Ce pavement date du 4ème siècle après J.C et exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de Thuburbo Majus
Cette mosaïque datée de la deuxième moitié du 3ème siècle après J.C est trouvé à Thuburbo Majus
Elle servait comme décor à divers compartiments contenant des motifs d’amphithéâtre et dans lequel a été encastré, sans doute à une date postérieure, un tableau carré où figure Diane chasseresse chevauchant un daim au galop
La mosaïque présente aussi le dieu Mars et un personnage nu
Ce tableau est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
La mosaïque de la fin du spectacle de l'amphithéâtre
La fin d'une venatio (chasse à l’amphithéâtre) dans laquelle Neoterius a abattu trois ours. Il pose fièrement au milieu des bêtes ensanglantées, le bras gauche protégé d'un brassard en cuir et tenant à la main droite une mappa
Milieu du 3ème siècle après J.C. Maison des autruches, couloir. Sousse. Musée de Sousse
Le lion d'Uzitta
Un gigantesque lion, quatre tiges de millet, insigne de la sodalité des Leontii. Première moitié du troisième siècle après J.C. Uzitta (Henchir el Makhceba) Musée du bardo
La mosaïque des Leontii d'el jem
Culot d’acanthe avec les insignes de la sodalité des Leontii: tige de millet et le chiffre 4. 3ème siècle. El Jem. Maison. Musée du Bardo
La mosaïque du venator? de Sousse
Mosaïque provenant d’un monument funéraire romain, représentant un venator ? avec une inscription …nika :… le vainqueur. Il porte une tunique courte serrée à la taille, et des bandages protecteurs autour des jambes. Sa main droite est posée sur un autel, la gauche sur un bouclier rectangulaire
Début du 3ème siècle après J.C. Mausolée de Sousse. Musée de Sousse
La mosaïque de combat d’animaux de Sousse
Composition en deux registres superposés d’un combat d’animaux : un taureau contre ou ours et un sanglier contre un poulain
Fin du 3ème siècle après J.C. Maison romaine, chambre avec abside. Sousse. Musée de Sousse
La mosaïque Scènes de luttes entre venatores et bêtes furieuses d’el Jem
Scènes de luttes entre venatores et bêtes furieuses. Les venatores cherchent à maitriser ces bêtes en utilisant soit leurs bras, soit des lassos et des cravaches. Le spectacle se déroule sous la protection de Diane, déesse de la chasse
Milieu ou fin du 3ème siècle après J.C. Maison romaine, triclinium. El Jem. Musée de Sousse
- Huit octogones bordés de tresses à deux brins renfermant des couronnes. Dans chacune d’elles figurent des animaux en combat. Un croissant sur hampe est reproduit sur deux couronnes figurant un lion contre un onagre et une lionne contre une antilope, aux croissants sont attachées deux banderoles. Le huitième octogone est détruit. Ce spectacle a, sans doute, été organisé par la sodalité des Telegenii dont on voit l’emblème sur deux couronnes. Fin du 3ème siècle après J.C. Cour de la ferme de Haj Ferjani Kacem. Musée d’el Jem
Mosaïque de seuil figurant, dans cinq médaillons, cinq poissons surmontés de cinq barres. Il s’agit de l’emblème de la sodalité des Pentasii. Les Pentasii comme les Telegenii ou les Sinematii étaient de puissantes associations qui organisaient les spectacles. 3ème siècle après J.C. Les petits thermes du terrain M’Barek R’Haeim. Musée d’el Jem
Sources
- Splendeurs de mosaïques de Tunisie, Mohamed Yacoub
- El Jem, l'antique Thysdrus Hédi Slim
- Les merveilles du musée du Bardo, Mohamed Yacoub
- Ecriture en Méditerranée
- Peinture de pierres, les mosaïques du musée du Bardo, Mohamed Yacoub
- Musée de Sousse, Alain Rebourg
- Sousse, l’antique Hadrumetum, Néji Djelloul