La céramique de Qallaline

Par Zaher Kammoun

Cette céramique désigne une céramique tunisoise de l’époque moderne (produite entre les XVIIème et XIXème siècles). Qallaline est le pluriel de Qallal qui est le potier ou le céramiste. Les ateliers de ce type de céramique existaient à Tunis entre Beb Souika et Beb Dzira.

Malgré les différentes influences surtout andalouses, ottomanes et européennes, cette céramique développait un style spécifique issu d’une synthèse de différents styles. La céramique de Qallaline a enregistré un grand développement aux cours siècles mais au XIXème siècle, et à cause de la concurrence des produits européens, les céramistes ont commencé à fermer leurs ateliers. En 1893, il ne restait que 4 ateliers et vers 1900 la corporation des potiers n’existait plus

La technique de décoration

Le décor de la céramique est peint sur un fond d’émail stannifère appliqué sur une céramique qui a subi une première cuisson. Le céramiste prépare l’émail à partir d’une composition d’oxydes de plomb et d’étain, on obtient ainsi un émail blanc, opaque de tonalités différentes, on couvre ainsi la céramique de l’émail. Puis on fait les motifs décoratifs en utilisant plusieurs couleurs :

  • Le brun et l’aubergine à partir du manganèse
  • Le vert à partir du cuivre
  • Le jaune à partir de l’antimoine
  • Le bleu à partit du cobalt

Après on fait une deuxième cuisson pour fixe le décor. La céramique de Qallaline est connue par sa polychromie avec une riche palette de couleurs

On trouve ainsi plusieurs formes de céramiques :

  • Les formes ouvertes : la chkala, le tebsi, le methred, la dagra, le mahbes, le keskes…
  • Les formes fermées : la khabia, la qolla, le zir el-lben, la charbiyya, le kuz, le bukal ez-zit, la gourde, le mechreb, le dawraq,le hallab…

La décoration

La flore est le thème décoratif le plus dominant dans ce type de céramique (les rameaux de fleurs, les feuilles…) mais on trouve aussi des formes géométriques (zigzags, hachures, traits, losanges, cercles…), des animaux surtout le lion ou le guépard, le poisson, l’oiseau et des frises, des bandeaux, des médaillons…

La céramique de revêtement mural

Les ateliers de Qallaline produisaient aussi la céramique de revêtement mural qui est aussi polychrome. On la trouve dans les édifices civils et religieux. C’est un assemblage de plusieurs carreaux de faïence :

  • A décor répétitif : le motif peint sur un seul carreau se répète pour faire des combinaisons, on trouve plusieurs décorations surtout géométriques et florales : palmette, demi-palmette, lys, Margueritte…
  • Un panneau de faïence avec un décor complexe qui forme une seule unité (suite à l’assemblage d’un grand nombre de carreaux de faïence). Le panneau de Qallaline est généralement de l’ordre de 1.5 m jusqu’à 2m de hauteur sur 0.6 m jusqu’à 1.1m de largeur. Le décor s’inscrivait toujours dans un mihrab (un arc en fer à cheval ou outrepassé aux claveaux alternés noirs et blancs). Pour l’ornementation on trouve le mihrab, la mosquée, le vase d’où jaillissent des gerbes de fleurs, des animaux comme le lion et l’oiseau, des rinceaux, des épis, des fruits, de l’épigraphie

Sources

  • Adnan Louhichi : de Raqqada à Qallaline (900-1900)
  • Samir Aounallah : l’abrégé du musée national du Bardo
  • Mohamed Yacoub : les merveilles du musée du Bardo
  • Clara Ilham Álvarez Dopico : de talavera de la reina à qallaline. La datation de la production tunisoise à partir des importations céramiques espagnoles
  • Clara – Ilham ÁLVAREZ DOPICO : LES CARREAUX DE CÉRAMIQUE DES ATELIERS TUNISOIS : LA FORMATION D’UN ART TURQUISANT EN OPPOSITION AUX INFLUENCES EUROPÉENNES

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