L’histoire de la céramique et de la poterie en Tunisie
Par Zaher Kammoun
Selon les spécialistes, la poterie en Tunisie remonte à l’époque de la préhistoire, on peut voir au musée du Bardo une tête féminine de la région de Gafsa (la civilisation Capsienne). On connaît aujourd’hui des produits des civilisations anciennes mais les berbères aussi ont connu ne production traditionnelle façonnée à la main (poterie modelée). Cette technique persiste jusqu’à maintenant et l’exemple est la poterie de Séjnane.
Le couscoussier de Séjnane
Avec l’arrivée des phéniciens, la poterie connaissait un essor, les phéniciens inventaient la tour du potier et produisaient une grande variété de porterie tournée : des amphores, des vases, des plats des brûles parfums, des masques, des statuettes en terre cuite, des vases biberons…
De la poterie punique (Musée du Bardo)
Après la destruction de Carthage en 146 avant J.C, les romains dominaient la Tunisie, la fabrication de la céramique ordinaire continue et une nouvelle technique apparaissait: la céramique sigillée à pâte rouge avec des décors en relief. Cette poterie fine était exportée vers l’Italie. Les romains produisaient des assiettes, des statuettes, des vases, des cruches, des disques… la céramique sigillée avait disparu avec l’arrivée des arabes.
De la poterie romaine (Musée du Bardo)
Les byzantins fabriquaient des plats, des lampes avec un décor chrétien. Ils utilisaient surtout le croix et les scènes bibliques qui se trouvent aussi dans les carreaux de céramique. On peut observer par exemple la scène de sacrifice d’Abraham et Adam et Eve.
Moule de pain de l’époque Byzantine (musée du Bardo)
Carreaux chrétiens de l’époque Byzantine (musée du Bardo)
Les carreaux de terre cuite de l’époque byzantine en Tunisie
Les scènes bibliques dans les carreaux de terre cuite en Tunisie
La conquête arabe commençait au 7ème siècle, les premiers arabes apportaient de nouvelles techniques de poterie comme les glaçures et les oxydes métalliques utilisés par les Aghlabides. Un décor géométrique et floral a été adopté avec les couleurs : vert, brun et jaune.
Plat de céramique aghlabide (musée de Raqqada Kairouan)
Avec l’arrivée de shiites (l’époque fatimide), la présentation des scènes humaines n’est plus interdite.
Céramique fatimide (musée du Bardo)
Les hafsides ont connu pour la première fois la couleur bleue issue des oxydes de cobalt. Pendant l’époque des Hafsides la Tunisie a accueilli des milliers d’andalous qui ont apporté des nouvelles connaissances dans la fabrication de la céramique et de la poterie : qui ne connaît pas Sidi Kacem Jelizi et la céramique Cuerda seca.
Céramique andalouse (musée de la céramique Sidi Kacem Jelizi)
L’influence turque a commencé avec les ottomans à partir de 1574. Les turcs ont importé la céramique d’Iznik très fine et à couleur bleue mais on possède des ateliers locaux qui produisent la céramique de Qallaline avec des motifs géométriques, floraux, animales… Mais il ne faut pas négliger l’apport des andalous qui ont continué à migrer vers la Tunisie.
Céramique d’Iznik (musée de Raqqada Kairouan)
Céramique Qallaline (musée du Bardo)
Aujourd’hui, la Tunisie produit la céramique très fine dans des régions comme Nabeul et Guellela à Djerba. La céramique et la poterie sont connues en Tunisie depuis l’antiquité et n’a pas cessé d’évoluer à travers le temps.
Si vous voulez voir des trésors de la Tunisie, vous devez visiter le musée du Bardo pour voir l’évolution de la céramique à travers le temps, le musée de Raqqada au Kairouan pour découvrir la céramique islamique et le mausolée de Sidi Kacem Jelizi pour observer la céramique andalouse.