La médina de Tunis, première partie

Par Zaher Kammoun

La visite de la médina, ville ancienne revêt une signification particulière. Elle est l’occasion d’un voyage dans le temps qui introduit, pas à pas, et à travers un dédale aux subtiles compositions d’ombres et de lumières, au cœur historique de la ville de Tunis, ce lieu vénérable qu’il faut savoir découvrir d’un regard attentif avant de se laisser conquérir par son charme.  La médina de Tunis est classée comme Patrimoine Mondial UNESCO.

médina de Tunis

Médina de Tunis

Des souks de la médina de Tunis

Commençons la visite alors :

Médersa Mouradia

Les beys Mouradites, de rite hanéfite ayant supplanté les deys et instauré un régime héréditaire, voulaient gagner le cœur des tunisois, restés profondément malékites. C’est donc dans un but politique que Mourad II, fils de Hammouda Pacha bâtit au souk des étoffes cette médersa pour les étudiants malékites (1673). Elle fut élevée sur les ruines de la caserne de la milice turque.

Une grande porte cloutée, inscrite dans un large encadrement de marbre, donne accès à la cour dallée de calcaire et entourée de galeries formant un péristyle. A l’étage, une deuxième galerie à linteaux est bordée d’une balustrade en bois. Les anciennes chambres des étudiants sont fermées de portes droites identiques alors à l’entrée de la salle de prière s’inscrit dans un arc brisé en marbre noir et blanc.

Tourbet Aziza Othmena

La princesse Aziza Othmena décédée en 1669 est célèbre par ses œuvres de bienfaisance. Vers la fin de sa vie, elle affranchit l’ensemble des ses esclaves et constitua Habous la totalité des ses biens au profit d’œuvres pieuses très diverses : financement d’un hôpital, fonds destinés pour acheter les prisonniers. Une partie des Habous est réservée pour acheter des fleurs pour sa tombe après sa mort.

Un escalier desservant le long couloir aboutit à un mausolée en trois parties : au milieu la tombe d’Aziza Othmena et celle de son grand père, à gauche celles de ses serviteurs. A droite, la chambre funéraire de sa famille. La partie centrale est très richement décorée de céramique polychrome de Kallaline, recouvrant le sol et mur et de stuc finement ciselé couvrant la coupole. Face à l’entrée, la cloison de bois qui remplace le mur du fond, sépare le tourbet de la Zaouïa de Sidi Ben Arous.

Tourbet Aziza Othmena Tunis

Tourbet Aziza Othmena Tunis

Tourbet Aziza Othmena

Tourbet Aziza Othmena

Aziza Othmena et sa tourba

Souk el Birka

Le souk construit par Youssef Dey est occupé aujourd’hui  par des bijoutiers. De plan carré couvert par une coupole centrale et des voutes latérales en berceau. Il y avait en son centre, l’estrade en bois sur laquelle étaient exposés les esclaves vendus à la criée.

El Berka Tunis

El Berka Tunis

Mosquée Youssef Dey

Le complexe architectural de Youssef Dey

Cette mosquée est construite par Youssef Dey en 1616. Elle rassemblait les artisans turcs pour la prière. Sa salle de prière est hypostyle, ses colonnes et ses chapiteaux sont de provenances diverses, avec cependant la dominance du style hafside. L’originalité de cette mosquée réside dans le remplacement du minbar en bois par le minbar en maçonnerie, la présence d’une sedda pour les lecteurs de Coran et par la forme du minaret qui est le premier à Tunis de type octogonal. Dans la mosquée en trouve une tourba ou le tombeau du fondateur s’associe au lieu de culte. Elle abrite la tombe de Youssef Dey et celles de membres de sa famille.

Mosquée Youssef Dey

Mosquée Youssef Dey

Mosquée Youssef Dey

Mosquée Youssef Dey

La mosquée Zitouna

La mosquée Zitouna

Se trouvant au cœur de la médina de Tunis, la grande mosquée est fondée en 698 mais elle est entièrement reconstruite pendant l’époque Aghlabide.

Plusieurs travaux de restauration et de remaniement ont été enregistrés surtout pendant l’époque Hafside et l’époque Ottomane.

La mosquée a une superficie de 5000 m2 et possède 9 entrées

Le minaret de 44 m a été construit en 1834. Il a  été inspiré du minaret hispano-mauresque de la mosquée de la Kasbah.

Mosquée Zitouna

Mosquée Zitouna

La coupole du narthex située à l’entrée de la salle de prière, dite du bahou, dispose d’un décor alternant une pierre ocre et une brique rouge

La salle de prière comporte plus de 184 colonnes et chapiteaux antiques provenant peu être du site archéologique de Carthage. Elle est d’une forme rectangulaire et mesurant 56 mètres de longueur et 24 mètres de largeur.

Mosquée Zitouna

Mosquée Zitouna

La grande mosquée a constitué un centre politico-religieux pour la ville de Tunis. Aussi elle a été renommée comme un centre d’enseignement des sciences juridiques et de la pensée juridique. Elle a attiré donc des étudiants de toute la Tunisie et même d’autres pays.

Dar el Hadded

C’est l’une des plus anciennes demeures de la médina. Sa construction remonte au XVIème siècle. Elle appartient aux Hadded, riche famille de fabricants de chachia, originaires d’Andalousie.

La cour est entourée de portiques sur trois cotés. Les colonnes à chapiteaux hafsides sont surhaussées d’impostes. Le quatrième coté de la cour est meublé de trois niches allongées. A l’étage, une galerie parcourt sur quatre cotés. L’espace de service n’est pas séparé des habitations des maîtres.

Dar Haddad Tunis

Dar Haddad Tunis

Dar Hssin

Ce palais est construit par Ismail Kahia, ministre et gendre d’Ali Bey. Au début du XIXème siècle, ce palais fut occupé par Youssef Sahib Tabaa. Il abrita en 1858, le premier conseil municipal présidé par le général Hssin. En 1882, le général Forgemol entré à Tunis à la tête des troupes françaises décide de s’installer  avec son état major au siège de la municipalité. A la proclamation de l’indépendance, le palais est affecté à l’Institut National du Patrimoine (INP)

Après le passage des deux skifas, on découvre une jolie cour à péristyle. Sur les murs, les faïences de kallaline  alternent avec les panneaux de faïence à mihrab meublé d’un vase. Les chapiteaux de type néo-corinthien sont, sans doute, l’œuvre des sculpteurs italiens.

Dar Hssin Tunis

Dar Hssin Tunis

Le complexe des trois Madréssa

Des madressas de la médina de Tunis

On retrouve dans chacune d’elles les différents éléments qui caractérisent habituellement ce genre de monuments : les cellules d’hébergement des étudiants ouvrant sur les trois cotés d’une cour centrale, le quatrième coté est occupé par la mosquée qui sert pour les cours et la prière.

La madérsa du Palmier est construite en 1714. Cet édifice prend son nom d’un palmier qui se trouve dans la cour. Un portique en arcs brisés élevés sur colonnes de pierres à chapiteaux turcs.

Madressa Nakhla

Ecole Ennakhla Tunis

Ecole Ennakhla Tunis

La madérsa Béchia est construite par Ali Pacha en 1752. Elle est formée d’une cour carrée avec ses alignements de trois arcs de chaque coté, portés sur colonnes de marbre noir à chapiteaux en marbre blanc.

Madressa Bachia

Madersa Béchia

Madersa Béchia

La madérsa Slimania, est construite en 1754, elle est dédiée par Ali Pacha à la mémoire de son fils Suleimane mort empoisonné par son frère. Elle se distingue par un porche monumental élevé sur colonnes à chapiteaux turcs et couronné d’une corniche en tuiles vertes. La cour est de forme rectangulaire, on y accède par une entrée décorée de faïence à bouquets et qui comporte des banquettes en pierre.

Madressa Slimenia

Ecole Slimania

Ecole Slimania

Tourbet el Bey

La tourba des beys

Tourbet el Bey, mausolée des princes Husseinites, date d’Ali Pacha II et constitue le plus vaste monument du genre à Tunis. Les façades extérieures en grès jaunâtre sont ornées de pilastres et d’entablement à l’italienne. Plusieurs coupoles de différentes tailles surmontent la terrasse.  Ce monument abrite, a coté des tombes des souverains et de leur famille, celles d’un certain nombre de leurs ministres ou de leurs serviteurs fidèles dignitaires.

Tourbet el Bey

Tourbet el Bey

Tourbet el Bey

Tourbet el Bey

Dar Othman

Othman Dey occupa ce palais jusqu’à sa mort en 1610. Le monument présente une façade majestueuse. La porte droite est surmontée de deux linteaux appareillés qui sépare un arc brisé outre passé à claveaux bicolores. Les murs de la driba (le hall d’entrée) se creusent d’arcatures au dessus des banquettes en maçonnerie. Le décor de céramique polychrome et de plâtre sculpté est complété par un revêtement  de marbre noir et blanc.

Un patio s’étend entre deux portiques à cinq arcs brisés, ç claveaux noirs et blancs, soutenus pas des colonnes à chapiteaux hispano-mauresques. Cette succession d’arcs se poursuit sur les deux autres cotés de la cour en deux arcatures aveugles. Le dallage de la cour ayant disparu, celle-ci fut aménagée en jardin intérieur en 1936.

Dar Ohman

Dar Ohman

Source:

  • Brochure de l’ONTT

1 Comment

Leave a reply

Your email address will not be published.