La présence égyptienne en Tunisie punique
Par Zaher Kammoun
La relation entre la Tunisie punique et l’Egypte ancienne était très étroite. Elle était développée grâce aux relations commerciales entre ces deux civilisations. L’Egypte était présente dans l’univers religieux carthaginois (les Carthaginois empruntèrent à l’Egypte, Osiris, Horus, Raa, Bès, Aton, Ptah…), dans l’architecture, dans les arts et dans la vie quotidienne
Voila quelques exemples d’influence égyptienne dans le monde punique:
L’architecture
En architecture, l’utilisation de la corniche à gorge ainsi que des modèles réduits de façades de temples sur les stèles avec disque solaire et uræi témoignent de l’influence égyptienne
Les autels
Les puniques utilisaient les autels égyptisants
La sculpture
Une sculpture en relief sur une plaquette d’ivoire montre une scène rituelle d’inspiration égyptisante. Un homme et une femme semblent s’entretenir tout en accomplissant le geste de l’adoration sous la protection du disque ailé. Par la taille, le profil et le costume, ils semblent appartenir à l’Egypte des pharaons 7ème siècle avant J.C. Musée de Carthage
Au cours des fouilles de 1895, on a trouvé dans une tombe de la nécropole de Douimès, une statuette en ivoire haute de 0,13m. Elle présente une femme coiffée à l’égyptienne et vêtue d’une longue robe. D’après l’inventeur, il s’agirait d’une manche de miroir
Au musée du bardo, on trouve une spatule en ivoire dont la manche est réalisée en fleur de lotus d’où émergent deux têtes de béliers
Une tombe de la nécropole de Byrsa a donné un peigne en ivoire qui présente des personnages vetus et coiffés à la mode égyptienne : des fleurs et des boutons de lotus
Les masques
Les masques et les protomés peuvent aussi avoir des influences égyptiennes
Les amulettes
De nombreuses amulettes d’os, de pâte de verre et de pierre trouvées dans les sépultures, étaient fabriquées sur place ou importées surtout d’Égypte.
Les amulettes puniques peuvent présenter des influences égyptiennes comme les images divines : Isis, Osiris, Horus, Bès, Touéris, l’hippopotame femelle, Ptah ligoté ou en embryon, Shou, Sokhit léontocéphale, Thot à tête d’Ibis, Anubis reconnu à sa tête de chien ou de chacal, Knouphis. Des images zoomorphes de l’Egypte pharaonique : la bonne vache Hathor, l’Uraeus, l’épervier Horus, le crocodile, la chatte Bastit. On trouve aussi des plantes et des fleurs comme le lotus et le papyrus mais aussi la colonne Zed, le vase, l’œil Oudja, l’autel, l’Ouaz, une colonne dérivée du papyrus et du lotus
Le collier récupéré du palais de Sidi Dhrif
Après la révolution tunisienne en 2011, on a trouvé plusieurs objets de valeur historique dans les palais de Ben Ali et de ses gendres. Une des pièces trouvées, un collier égyptisant qui date du 4-3 ème siècle avant J.C
C'est un collier de 36 éléments en pâte siliceuse, en cornaline, en quartz et en os. Il s'agit essentiellement d'amulettes égyptisantes représentant des images divines: Bès, l’œil d'Oudjat, Thot en babouin, Isis, Anubis mais aussi on trouve un masque et un élément fusiforme
La tombe D1 à Carthage abritant le squelette du jeune homme de Byrsa a donné 21 amulettes égyptisantes en pate de verre blanchâtre ayant constitué probablement une sorte de chapelet : une amulette présente l’ouadj, cinq amulettes en forme de l’œil oudjat, cinq uraei dressés, quatre Ptah-Patèque dont deux exemplaires portent au dos la représentation d’Isis debout, un lion couché, un bélier et un taureau
L’ouadj : elle est en forme de tige de papyrus et signifie en égyptien hiéroglyphique ‘’être jeune être vert’’. Elle est aussi l’attribut des divinités féminines comme Hathor, Bastet, Sekhmet
L’œil Oudjat : c’est l’amulette la plus diffusée dans l’Egypte ancienne et dans toute la Méditerrannée ancienne. Il se rattache à la légende d’Horus et symbolise la victoire du bien sur le mal. Il est le synonyme de la santé, de la protection et de la régénération
L’uraeus : il se présente en cobra et incarnait le renouvellement, la renaissance et l’immortalité
Le ptah-patèque : c’est un dieu nain protecteur des artisans et spécialisés dans l’orfèvrerie et l’industrie des métaux. Il a un aspect grotesque et capable de repousser les dangers des animaux nuisibles comme les crocodiles, les serpents et les scorpions et aussi les démons
Le lion : il est chargé de défendre les vivants et les morts contre le mal. En raison de son association avec la crue du Nil, il symbolise l’eau vivifiante, origine de toute vie
Le bélier : c’est un dieu démiurge, il est l’incarnation des dieux Amon-Ré, Hérishef et Khnoum. Il est vénéré pour ses qualités de procréation, de fécondité et de virilité
Le taureau : pour les égyptiens, c’est l’animal qui a le plus de force, de courage et de virilité. Les amulettes qui figurent le taureau Apis sont interprétées comme une manifestation du dieu Ptah de Memphis ou du dieu des morts Osiris
Les scarabées
Les puniques empruntèrent à l’Egypte le scarabée. C’était à la fois un sceau et un talisman. Au début les scarabées étaient achetés de l’Egypte puis la Tunisie punique créait ses propres centres de production surtout à partir de la fin du 5ème siècle avant J.C
Les bijoux
Les bijoux peuvent avoir des influences égyptiennes et égyptisantes
Les hachettes rasoirs
Sur les hachettes rasoirs, on trouve des motifs égyptiens et égyptisants comme Isis, Horus, la barque, l’œil d’Oudja, la fleur de lotus...
La verrerie
Le portier punique utilisait le feu et le sable pour fabriquer les balsamaires, les masques, les perles polychromes, des fioles pour le parfum… D'autres objets étaient importés de l'Egypte et possèdent des influences égyptisantes
Sources
- Carthage, la cité punique, M’hamed Hassine Fantar
- Carthage, les lettres et les arts, M’hamed Hassine Fantar
- الحرف و الصورة في عالم قرطاج, محمد حسين فنطر
- Le jeune homme de Byrsa à Carthage, exposition au musée national de Carthage Octobre 2010-Mars 2011
- Patrimoine spolié, patrimoine récupéré, exposition archéologique temporaire, musée de Carthage, 11 Janvier-31 Mars 2013
- Les merveilles du musée du Bardo, Mohamed Yacoub