Le site archéologique d’Acholla à Sfax
Par Zaher Kammoun
Acholla fondée par des colons de l’ile Phénicienne de Malte au 4ème siècle avant J.C (selon Stéphane de Byzance), est située sur la cote à 45 km au nord de la ville de Sfax. Ce site de surface de plus de 200 ha s’appelle aujourd’hui Henchir Botria
La ville commençait punique, une pièce de monnaie à légende punique, portant la tête du dieu Baal Hamon coiffé de la tiare de plumes, ainsi qu’un sanctuaire de plage dédié très probablement à ce dieu et comportant des stèles avec le signe de Tanit et des poteries contenant des ossements ont été découverts, confirmant l’origine punique de la ville.
Acholla est bien connue par divers textes historiques et géographiques de Pline, Melo, Hirtius et elle était présente sur la foi de Ptolémée et la table de Peutinger
Pendant la troisième guerre punique, Acholla était une alliée pour les romains contre Carthage et après la défaite de Carthage en 146 avant J.C, elle devenait une ville indépendante et reçoit le statut de cité libre avec 6 autres villes de la province d’Afrique. Après, Acholla fut désignée comme municipium aellium augustum (a)chlulitanum sous Hadrien
A la fin de l’année 47 avant J.C, César débarqua en Afrique, il décida à battre les partisans de Pompéi. Il établit son camp à Ruspina, occupa Leptis minus et envoya plusieurs cohortes à Acholla qui lui a offert du blé et demandait sa protection
Au deuxième et au troisième siècle, Acholla était une ville romaine prospère grâce au développement de l’agriculture surtout l’oléiculture dans la banlieue de la ville et le commerce de la mer
Au 4ème siècle après J.C, Acholla devenait chrétienne à deux évêques connus : Restitutus en 484 et Quinus en 641. On a découvert près du rivage un baptistère à double piscine (dont l’une à huit alvéoles disposées en rosace) et quelques tombes chrétiennes
Acholla était abandonnée avec l’arrivée des musulmans
Les fouilles
Plusieurs fouilles ont été faites sur le site surtout en 1937 sous la direction de M. Bédé et entre 1947 et 1955, ces fouilles ont permis la mise au jour des thermes de Trajan, de villas comme la maison de Neptune et la maison d’Asinius Ruffinus, de deux baptistères… Ces édifices ont montré que cette ville était un important centre méditerranéen prestigieux au deuxième siècle après J.C. D’autres fouilles ont été faites par Mohamed Fendri puis S. Gozlan dans le cadre de la mission franco-tunisienne de 1979 à 1994
L’identification de la ville a été faite grâce à la découverte d’une inscription dans le site qui mentionne : Populus Achollitanas. Cette inscription n’est découverte qu’en 1947
Le décret du 22 mars 1899 a permis le classement de l’amphithéâtre, les citernes et le Ksar-es-Sas (Château du môle).
Edifices
La ville possède une surface de presque 200 hectares, elle peut être divisée en quatre quartiers:
- Le quartier du forum avec, outre la place, les thermes de Trajan, la maison d’Asinius Rufinus et la maison des colonnes rouges
- Le quartier Sud Ouest avec l’amphithéâtre et les thermes du Thiase marin
- Le quartier du port, comprenant le mole antique aujourd’hui submergé, un sanctuaire punique et un baptistère
- Le quartier Nord avec la maison de Neptune, à l’ouest, la maison de la langouste et tout au nord la forteresse byzantine appelée Ksar el flous
Parmi les édifices découverts :
- Un tophet
- Les restes d'un amphithéâtre très dégradé
- Deux baptistères
- La silhouette d’un théâtre
- Deux établissements thermaux
- La maison d’Asinius Ruffinus
- La maison de Neptune
- La maison de la Tête d'Océan
- Une place (peut être le forum)
Les thermes de Trajan
Appelés aussi les grands thermes d’Acholla, cet édifice thermal fut construit à l’époque de l’empereur Hadrien (malgré son nom). Il a été découvert en 1947. Son plan n’est identifié que grâce à ses pavements car ses murs étaient presque tous détruits jusqu’aux fondations par les chercheurs de pierres. Les thermes se trouvent à 800 m de la mer
C’est ici qu’on a trouvé l’inscription du Populus Achollitanus, elle a été trouvée dans un bloc de marbre de 0,76 m de longueur, 0,15 m d’hauteur et 0,49 m d’épaisseur. Elle porte l’inscription suivante :
POPULUS ACHOLLITANUS E(X POL)LICITATIONE (A) TER(ENTII ?) FELICIS
De forme rectangulaire, cet établissement mesure 50 m sur 30 m
Dans la moitié orientale, un vestibule comportant deux pièces dont l’une a la disposition d’un atrium à impluvium tértastyle, donnait accès au frigidarium, vaste salle rectangulaire de 30 m sur 13 m, complétée au nord par une pièce à double abside. On a trouvé trois piscines de dimensions inégales dont une mesure 7 m sur 6,4 m (peut être le natatio)
Le quart nord ouest était occupé par les salles chauffées. Le quart nord est comprend une pièce rectangulaire vaste. En direction du forum, se trouvent deux pièces rectangulaires plus petites, elles servaient peut être de lieux de réunions. A l’angle sud est se trouve le tepidarium
Cet édifice a livré plusieurs pavements de mosaïques considérés parmi les plus anciens de la Tunisie. Parmi ces pavements :
- Le triomphe de Dionysos : c’est un décor de voûte réfléchie prélevée de l'une des deux ailes de la grande salle du frigidarium des thermes
- Le combat des centaures et de fauves : c’est un tableau central de la grande salle du frigidarium
- La mosaïque de la triade capitoline : elle ornait le seuil de la salle à double abside et présentait Jupiter et Minerve dont l’effigie est portée au bout de bras par un géant anguipède. L’image de Junon n’est pas conservée
- La mosaïque du décor de théâtre lié au IVe style pompéien
- Autres pavements:
Dauphins, centaure marin et Néréide nue sur un hippocampe. 120-130 après J.C. Les thermes de Trajan. Musée du Bardo
Guirlande de laurier, jambes d'une femme, un homme vraisemblablement et un masque de théâtre. 120-130 après J.C. Les thermes de Trajan. Musée du Bardo
Le dieu Dionysos-enfant chevauchant un tigre. 120-130 après J.C. Les thermes de Trajan. Musée du Bardo
Dauphin et centaure marin, 120-130 après J.C. Les thermes de Trajan. Musée du Bardo
Le groupe de mosaïques est daté avec précision entre 115 et 120 et peut être considéré comme un des premiers chefs-d’œuvre de l’atelier de Byzacène en Tunisie
Dans la piscine du sud se trouvait une plaque de marbre longue de 0,26 m, haute de 0,25 m et épaisse de 0,05 m, elle portait cette inscription :
OPTIMI
III
INOPI
Les thermes du Thiase marin
Cet établissement thermal possède des murs presque tous ruinés jusqu’aux fondations. Il est situé dans la partie sud de la ville à une centaine de mètres au sud de la place dallée qui est probablement le forum et un peu à l’ouest de l’amphithéâtre
Les thermes ont été identifiés grâce à la découverte d’une grande piscine, mais le plan des thermes n’est pas facilement compréhensible
Le pavement du cortège marin
Ce pavement illustre un cortège marin comportant une seule Néréide figurée assise en amazone sur le dos d’un monstre marin. Son corps, vu de trois quarts, est recouvert d’une draperie qui laisse entièrement nu tout le buste. Sur sa tête est posée une couronne végétale
La monture - un centaure marin, à la queue ondulée et dressée à la verticale- a un torse athlétique, orné d’une guirlande de vigne portée en bandoulière. Son visage est entouré d’une chevelure abondante d’où sortent deux pattes de homard. Il tient de la main droite une torche allumée et de la main gauche un panier
Précédant ce centaure, un monstre apparenté guide, en le tenant par la bride, un cheval marin qui le devance
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
Les thermes des tritons
Un autre établissement thermal a été trouvé à Acholla. Il possède un plan analogue aux thermes de Trajan avec aussi une salle à double abside. La mosaïque couvrant le sol représentait un cortège de Tritons
La maison d’Asinius Ruffinus
Asinius Ruffinus était un sénateur entre 180 et 185 après J.C et nommé consul en 184. Il s’agit du dernier propriétaire de la maison
Les murs étaient construits en briques d’argile crues reposant sur une base de maçonnerie. Cette technique était utilisée par les puniques
Une colonnade entoure la cour centrale, devant laquelle s’ouvre l’oecus pavé d’une mosaïque. L’oecus est flanqué latéralement de deux chambres rectangulaires. L’aile sud comporte une grande pièce qui forme l’angle SW séparée d’une autre plus petite, à l’Est par une cloison percée d’une large porte
Un cippe a été découvert dans cette maison. Il s’agit d’une base rectangulaire moulurée en calcaire haute de 1,565 m, large de 0,64 m et épaisse de 0,52 m. Le cadre d’inscription mesure 0,78m sur 0,56m
On lit sur ce cippe :
M(arco) Asinio Sex(ti)
Fil(io) Hor(atia) Rufino
Valerio Vero Sa
Biniano ad
Lecto inter praet(orios)
Ab imp(eratore) M. Aurelio
Commodo Antoni
No Aug(usto) Pio exorn(ato)
Sacerd(otio) fet(iali) curat(ori)
Viae App(iae) co(n)s(uli)
Cultores do
Mus of merit(a)
Le texte est ainsi daté de 183 à 185.
La maison comportait des fresques représentant des figures dionysiaques, des masques ou des animaux
On a trouvé dans cette maison plusieurs pavements de mosaïque comme :
- Les travaux d'Hercule : c’est une mosaïque en forme de T de la salle à manger de la maison (triclinium) (dans une autre source l’oecus)
Quelques objets trouvés dans la maison et exposés dans le musée de Sfax :
- Trois fragments de fresques datant de la fin du 2ème siècle après J.C. Représentation sur un fond blanc, d’un masque bachique brun roux aux traits caricaturaux. Sur un fond flanc, se détache un acteur masqué. Sur un fond blanc, représentation d’un jeune athlète au corps nu et bronzé
La maison des colonnes rouges
Cette maison a pris son nom grâce à l’utilisation dans la cour de colonnes stuquées peintes en rouge. Elle se trouve à 50 m des thermes de Trajan. Elle date de fin de l’époque sévérienne
Une mosaïque a été découverte dans cette maison, elle représente des guillochis en guirlande de laurier déterminant six médaillons circulaires décorés de deux fleurons cruciformes et quatre bustes des saisons.
La maison de triomphe de Neptune
Cette maison date du 2ème siècle après J.C (du règne de Marc Aurèle). C’est une demeure à péristyle central, de forme rectangulaire de 34,75 m (Nord Sud) sur 33, 75 m (Est-Ouest). Elle a une surface de 1.172 m2. Trente-sept pièces ont été dégagées.
L'entrée principale a été dégagée en 1979, sur la façade Est. L’ouverture est large de 2,20 m et entourée de piliers. A partir de cette entrée, on pénètre dans une salle rectangulaire de 6,30 m X 2,50 m, trois parois - Nord, Ouest et Sud - étaient longées de banquettes enduites. Cette chambre donne sur une autre chambre de 6,30 m X 4,50 m. Au Sud-Est, on trouve une pièce, et un local de service
Le portique entoure un espace rectangulaire à ciel ouvert (11,7 m sur 9,2m) dont l’un des grands cotés comporte trois petits bassins ornementaux semi-circulaires contigus
Plusieurs pièces se trouvent dans l’aile Nord, l’aile Sud, l’aile Est et l’aile Ouest
La salle de réception ou l’oecus auquel on accède par un seuil représentant le thiase bachique comportait un vaste pavement de mosaïque divisé en médaillons : au centre, Neptune s’avance dans son char triomphal tiré par deux chevaux de mer, autour de lui, des Néréides portées par des Tritons
Les pièces qui bordent le portique à l’Est et à l’Ouest avaient des pavements à décor géométrique très simple. On voit aussi des médaillons enserrant des sujets isolés : masques dionysiaques, natures mortes, animaux…
La maison était abandonnée au milieu du 3ème siècle ou plus tard, on installait une nécropole à son emplacement
Des pavements exposés au musée du Bardo
- Motifs de type xenia, cadeaux d'hospitalité: volatiles et paniers de fruits. 160-170 après J.C. Maison de Neptune.
- Lièvre mangeant une grosse grappe de raisin. 2ème siècle après J.C. Maison de Neptune.
- Mer, poissons et Néréides chevauchant des monstres marins. Milieu du 2 ème siècle après J.C. Maison de Neptune. Musée du Bardo
La maison de la langouste
Dans le triclinium de cette maison, on a trouvé un pavement orné d’un entrelac en ‘’key pattern’’ déterminant des médaillons à décor très varié : chien, poisson, sanglier, langouste, coq, légumes et fruits…
Les baptistères
Deux baptistères ont été découverts en 1947 près de la mer, au sud est du site, à 500 m à l’est des thermes de Trajan. Ils sont distants l’un de l’autre d’une dizaine de mètres. Tout autour des ces baptistères se trouvent des traces de bâtiments contemporains : quelques murs autour du baptistère cruciforme et dans le même alignement une pièce quadrangulaire, des restes de maçonneries et deux bases de colonnes de type attique, deux citernes dans le voisinage et quelques tombes dont une était recouverte de mosaïque.
- Le baptistère 1 : il est de forme cruciforme, à quatre lobes arrondis dont deux sur le même axe, sont prolongés par des escaliers. Les deux lobes sans escaliers mesurent 43 cm de flèche, 54 et 58 cm de corde. Les deux lobes servant d’accès mesurent 50 et 51 cm à l’ouverture et 56 cm de largeur maximale. Cinq marches sont visibles d’un coté, deux seulement de l’autre, cette partie ayant été fortement endommagée. Il est revêtu en béton assez soigné
- Le baptistère 2 : il est de forme en rosace ou polylobé, le cercle inférieur mesure 1,3 m de diamètre. Il est revêtu en béton assez soigné
Il existait certainement une église à proximité
Une épitaphe mutilée a été découverte dans la zone des baptistères en 1947. C’est une mosaïque surmontée par une croix grecque. En bas on voit des lignes exécutées en cubes alternativement rouges et bleus :
K
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MATR
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Les nécropoles du site
D’après une photographie aérienne, on a pu localiser 7 nécropoles tout autour de la cité
Ces nécropoles ont fourni un matériel archéologique très important : des tombes avec des mosaïques funéraires :
- Un caisson mosaïqué, épitaphe de Natalica: c’est une mosaïque qui couvrait une tombe d’enfant. La bordure est composée d’un filet noir, d’un double filet rouge ou jaune, avec une ligne de denticules de même couleur. Il existe à l’extérieur quelques files de tesselles blanches. En haut, on voit une inscription sur 5 lignes en lettres noires :
Dulcissima filia / Natalica bixit in / pace annis X, m/enses VIII, dies XXI,/ rep(osita) VIII idus octobres
En bas on voit une représentation d’une petite fille en orante (les bras écartés et demi dressés). Elle est surmontée par une couronne qui est en réalité une guirlande de laurier non fermée et non nouée à la base. Au sommet de la couronne, la gemme traditionnelle est remplacée par le symbole chrétien. On croit distinguer une croix monogrammatique, sans doute latinisée. L’enfant est figurée de face avec une tête ronde et une chevelure en chignon assez plat. Les deux bras sont couverts des manches longues d’une tunique sombre ornée de galons ou de broderies à hauteur de poignets. Le vêtement de dessus serait un manteau chasuble (décrit généralement comme une dalmatique) à larges manches évasées. On distingue de part est d’autres deux courts cylindres ombrés avec une extrémité conique qui devaient être des cierges
- Un caisson avec une couverture en mosaïque composée de deux panneaux, le panneau supérieur est encadré d’un méandre interrompu polychrome. Une couronne de laurier fortement stylisée encercle un chrisme constantinien. Il existe des fleurons assez soignés dans les écoinçons. Le panneau inférieur est encadré par une tresse à trois brins de cinq files de tesselles. Au centre, une inscription en 4 lignes en noir :
Digne ac obse/quentissime coniu/gi Felicitati, Gaudenti/us fecit in pace
- Un caisson mosaïqué : on reconnaît à droite l’extrémité de la couronne de laurier qui porte au centre un chrisme constantinien sans alpha et oméga et à gauche 7 lignes d’inscription :
Dulcissimo com/pari Iulio Ia/nuario qui vic/xit cum suis / annis XXXII pl/us minus. In pa/ce requievit
- Un caisson couvert de mortier de (Ru)fius Bonifatius âgé de 31 ans ?. Il présente une inscription :
(Ru)fius Boni/fatius vixit an/nos XXXI(II)I ( ?) / In pace
- Une plaque de marbre portant l’épitaphe double d’Aemilia Sabiniana et d’Aelia Restituta faite par le mari et le père. Voila sa transcription :
Aemiliae Sabinianae coniugi / sanctae Donatianus maritus, Aeliae Restitute fi(l)ie Ren(atus) pater / fecit
La mosaïque funéraire d'Acholla
Ce pavement daté du 5ème siècle après JC, a été trouvé dans l’area funéraire Nord Ouest du site d’Acholla (Henchir Botria) à Sfax
C’est un portrait funéraire d’une jeune fille (Crescentia, innocens, in pace), habillée d’une dalmatique à bandes verticales, serrée à la taille par une ceinture, la défunte porte un collier. Des oiseaux, roses et cierges allumés encadre l’image héroïsée
Ce pavement est exposé aujourd’hui au musée du Bardo
Le fort byzantin
Il existait sur le site probablement une forteresse byzantine mentionnée par G. Picard. Ce fort est dit Ksar el Flous
Des objets conservés dans le musée de Sfax
Au musée de Sfax, on peut voir plusieurs objets découverts dans le site comme :
- Fragments de fresques trouvés non loin de la maison d’Asinius Rufinus et datant du 2ème siècle après J.C. sur un fond blanc, représentation d’un personnage debout portant une tunique bleu-vert. Sur un fond ocre, se détache une tête d’un personnage barbu. Deux fragments représentant chacun une tête mutilée. Dans un cadre blanc se détache une décoration végétale géométrique
- Fragment de corniche présentant un décor peint compos de volutes disposées symétriquement de part et d’autre d’un rectangle vertical
La mosaïque d’Acholla
L’école de mosaïque d’Acholla est d’inspiration romaine, mais affirme son originalité aussi bien vis à vis de l’Italie que de l’Orient par le sentiment de la vie, par le sens de la couleur : les motifs noirs sur blanc d’Italie sont repris en pierre rouge, en calcaire vert et surtout en calcaire jaune imitant l’or.
La mosaïque d’Acholla est unique, Madame Gozlan, a montré le passage d’un style sévère noir sur fond blanc et géométrique emprunté directement de l’Italie, à une manière plus riche et plus détendue par l’introduction d’éléments décoratifs et surtout par le traitement de plus en plus fréquent des motifs en couleur
Il n’existe pas de style sévère en Byzacène (ce style est caractérisé par de grandes compostions géométriques qui se développent en décors couvrants durant tout le 1er siècle en Italie et dans les provinces européennes). Mais on trouve quelques traces dans les thermes du thiase marin. Ensuite, on a introduit la polychromie et les nouveaux motifs dans les pavements comme le style fleuri (le couronnes végétales comme les couronnes tangentes des thermes de Trajan et les thermes du Thiase marin et les couronnes sécantes comme dans la maison de Neptune), on utilisait aussi les tiges, les calices, les fleurettes, les pétales… Le mosaïste représentait aussi les motifs géométriques : les écailles, les arabesques, les paires de peltes, les étoiles, les hexagones, les carrés, les nœuds de Salomon, les méandres de svastikas, les exèdres, les octogones…
A Acholla, on trouve aussi les mosaïques figurées avec des compositions mythologiques (le triomphe de Neptune, le triomphe de Dionysos, les centaures, les fauves, les scylla, les néréides, le thiase marin…) et les images de xenia (animaux et végétaux)…
Dans la deuxième moitié du deuxième siècle, l’école byzacénienne de mosaïque atteint sont apogée surtout à Acholla et el Jem.
Au troisième siècle la mosaïque évolue avec l’apparition des décors plus couvrants, des trames épaisses et des remplissages denses.
Avec l’apparition du christianisme, une nouvelle école apparaissait et de nouvelles figures ont été crées en relation avec la religion chrétienne
Le mosaïste d’Acholla passait de l’imitation à la création
Sources
- El Jem l'antique Thysdrus, Hedi Slim
- Musées, monuments et sites archéologiques de Sfax, Ali Zouari, AMVPPC
- Sfax, musées, monuments et sites archéologiques, ANP
- Cités antiques et villas romaines de la région sfaxienne, Mohamed Fendri
- Acholla, Gilbert Picard
- Les pavements en mosaïques de la Maison de Neptune à Acholla-Botria (Tunisie), Madame Suzanne Gozlan
- La Maison du triomphe de Neptune à Acholla (Botria, Tunisie). I. Les mosaïques, Suzanne Gozlan, Mlle Ariane Bourgeois, Aziza El Fourgi, François Jannin, Richard Prudhomme
- Les thermes du Thiase marin à Acholla, Gilbert Picard
- De la Maison d'Or de Néron aux thermes d'Acholla, Monsieur Gilbert Charles-Picard
- Les baptistères d'Acholla (Tunisie) et l'origine des baptistères polylobés en Afrique du Nord [Études d'archéologie chrétienne nord-africaine - IX ], Noël Duval
- Les baptistères d'Acholla (Tunisie) et l'origine des baptistères polylobés en Afrique du Nord, Noël Duval
- Archaeological Institute of America, Karl Lehmann
- Guide du musée de Sfax M Yacoub
- Vingt ans de recherches archéologiques sur l’antiquité tardive en Afrique du Nord 1975-1994. Deuxième chronique : supplément à généralités et Carthage- Tunisie. Noel Duval
- Voyage archéologique dans la Régence de Tunis. T. 1, Guérin
- Exploration scientifique de la Tunisie, livre 2, géographie ancienne, Tissot
- Deux sénateurs romains inconnus, Picard, Cartago IV, 1953
- Un atelier de mosaïques funéraires à Acholla au 4ème siècle (fouilles Fendri sous la direction de G. Picard en 1947-1954), Noel Duval, mélanges de l’école française de Rome, 2003
- La maison du triomphe de Neptune à Acholla, Gilbert Charles Picard, bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1994
- Fouilles à Acholla (Botria), bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1946-1947-1948-1949
- Acholla et la mosaïque, G.Ch. Picard
- Acholla et Botria, N. Jeddi
- villes et structures urbaines de la province romaine d’Afrique, Ammar Mahjoubi
- Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1954
- Splendeurs des mosaïques de Tunisie, Mohamed Yacoub
- Dossiers de l’archéologie, numéro 31
- Dossiers de l’archéologie, numéro 31, Acholla ou la mosaïque de la Byzacène au 2ème siècle, Suzanne Gozlan
- Présence punique à Acholla Botria, Nabiha Jeddi
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